es avoues, les avocats et les gens d'affaires.
Bien que les tribunaux fussent en vacances Nougaret etait au travail.
Les vacances etaient pour lui son temps le plus occupe; il mettait a
jour son arriere.
Il fit raconter a Roger comment les choses s'etaient passees,
minutieusement, et il exigea un recit complet non seulement sur le fait
meme du proces-verbal du commissaire de police, mais encore sur les
antecedents de madame de Barizel.
--C'est le caractere du personnage qui nous expliquera ce dont il est
capable, dit-il pour decider Roger, qui hesitait.
Il fallut donc que Roger repetat le recit de Raphaelle et les
temoignages de MM. Layton et Urquhart.
--Et la jeune personne, demanda l'avoue, elle n'est pas complice de sa
mere?
--Elle!
--Ca s'est vu.
Ce fut un nouveau recit, celui de l'intervention de Corysandre.
--C'est tres beau, dit l'avoue; seulement cela serait plus beau encore
si c'etait joue, car il est bien certain que par la venue chez vous de
cette jeune fille qui vous dit: "Ne me prenez pas pour votre femme,
puisque je ne suis pas digne de vous; mais gardez-moi pour votre
maitresse, puisque nous nous aimons", vous avez ete profondement touche.
--C'est l'emotion la plus forte que j'aie eprouvee de ma vie.
--Il est bien certain aussi, n'est-ce pas, qu'en se jetant entre sa mere
et vous pour dire: "Il ne peut pas m'epouser," elle vous a paru tres
belle.
--Admirable d'heroisme.
--C'est bien cela; de sorte que vous l'aimez plus que vous ne l'avez
jamais aimee.
--Au point que je me demande si je ne commets pas la plus abominable des
lachetes en ne l'epousant pas.
--C'est bien cela. Certes, monsieur le duc, je serais desespere de dire
une parole qui put vous blesser dans votre amour. Je comprends que vous
admiriez cette belle jeune fille pour son sacrifice plus encore que pour
sa beaute; mais enfin je ne peux pas ne pas vous faire observer que ce
sacrifice arrive bien a point pour peser sur vos resolutions. Et notez
que je ne veux pas insinuer qu'elle n'a pas ete sincere; je n'insinue
jamais rien, je dis les choses telles qu'elles sont. Et ce que je dis
presentement, c'est que nous avons affaire a une mere tres forte qui a
bien pu pousser sa fille, sans que celle-ci ait vu ou senti la main qui
la faisait agir.
--Je vous affirme que tout en elle a ete spontane, inspire seulement par
le coeur.
--Je veux le croire; mais il est possible que le contraire soit vrai,
et cela suffit
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