fille, voila tout.
XXXIX
"Nous attendrons".
Mais c'etait une parole de defense, une bravade, un defi qui n'avait
d'autre but que de montrer qu'il n'etait pas plus effraye par la menace
du proces que par celle du couvent.
En realite, il esperait bien n'avoir pas a attendre longtemps;
Corysandre trouverait certainement un moyen pour lui faire savoir dans
quel couvent elle etait; et lui, de son cote, en trouverait un pour la
tirer de ce couvent. Reunis, ils partiraient, et bien adroite serait
madame de Barizel si elle les rejoignait.
Quant aux poursuites en detournement de mineure, il semblait, apres la
visite de Dayelle, qu'il ne devait pas s'en inquieter; jamais madame
de Barizel ne poursuivrait ce proces qui perdrait sa fille, et a la
vengeance elle prefererait son interet.
Il se trouva avoir raisonne juste pour les poursuites, mais non pour
Corysandre.
Des poursuites il n'entendit pas parler, si ce n'est par Nougaret, qui
lui apprit que Dayelle avait fait des demarches aupres du commissaire
de police et aupres de quelques autres personnes pour qu'on gardat le
silence sur le proces-verbal, qui serait enterre.
De Corysandre il ne recut aucune nouvelle; le temps s'ecoula; la lettre
qu'il attendait n'arriva pas. Il devait donc la chercher, la trouver;
mais comment?
Madame de Barizel avait quitte Paris pour s'installer chez Dayelle,
dans un chateau que celui-ci possedait aux environs de Poissy, et ou
il passait tous les ans la saison d'automne avec son fils et tout un
cortege d'invites qui se renouvelaient par series; en la surveillant
adroitement, en la suivant, elle devait vous conduire au couvent ou
Corysandre etait enfermee.
Mais il ne lui convenait pas de remplir ce role d'espion, et d'ailleurs
il eut suffi que madame de Barizel put soupconner qu'elle etait
espionnee pour derouter toutes les recherches; il lui fallait donc
quelqu'un qui put exercer cette surveillance avec autant de discretion
que d'habilete.
L'idee lui vint de demander a Raphaelle de lui donner l'homme qu'elle
avait envoye en Amerique; sans doute il eprouvait bien une certaine
repugnance a s'adresser a Raphaelle; mais cet homme, en obtenant les
renseignements relatifs a madame de Barizel, avait donne des preuves
incontestables d'activite et d'habilete; il connaissait deja celle-ci,
et c'etaient la des considerations qui devaient l'emporter, semblait-il,
sur sa repugnance; puisque c'etait par Raphaelle seule qu'il pouvait
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