pour vous avertir d'avoir a vous tenir sur vos gardes.
D'ailleurs les raisons qui vous empechaient hier d'epouser mademoiselle
de Barizel existent encore aujourd'hui, il me semble, et je ne crois
pas que par sa demarche aupres de vous, pas plus que par la mise
en mouvement du commissaire de police, madame de Barizel se soit
rehabilitee; elle est ce qu'elle etait, et elle a pris soin de vous
prouver elle-meme qu'on ne l'avait pas calomniee en vous la representant
comme une aventuriere dangereuse. Maintenant quel parti va-t-elle tirer
de son proces-verbal? C'est la qu'est la question pressante.
--Justement. A ce sujet je voudrais vous faire observer que je crois que
mademoiselle de Barizel a plus de seize ans.
--C'est quelque chose; mais ce n'est pas assez pour vous mettre a
l'abri. Si la loi punit des travaux forces le ravisseur d'une fille
au-dessous de seize ans, elle punit de la reclusion le ravisseur d'une
mineure; or si mademoiselle de Barizel a plus de seize ans, elle a
toujours moins de vingt-un ans et, par consequent, la plainte peut etre
deposee et le proces peut etre fait. Le fera-t-elle?
--Elle est capable de tout, et l'histoire du coup de revolver tire
sur un amant qui se sauvait d'elle, que je n'avais pas voulu admettre
lorsqu'on me l'avait racontee, me parait maintenant possible.
--En disant: le fera-t-elle? ce n'est pas a elle que je pense, c'est
aux avantages qu'elle peut avoir a le faire. A vous en menacer, les
avantages sautent aux yeux: elle espere vous faire peur; avant de se
laisser amener sur le banc des assises ou de la police correctionnel, un
duc de Naurouse reflechit, et entre deux hontes il choisit la moindre.
La moindre serait la condamnation.
--C'est elle qui raisonne et elle pense bien que la moindre pour vous
serait de devenir son gendre. C'est la son calcul: tout a ete prepare
pour vous effrayer et vous amener au mariage par la peur. C'est un
chantage comme un autre et, a vrai dire, je suis surpris que celui-la ne
soit pas plus souvent pratique; mais voila, les coquins n'etudient le
code que pour echapper aux consequences de leurs coquineries et non pour
en preparer de nouvelles. S'ils savaient quelles armes la loi tient a la
dispositions des habiles!
--Si madame de Barizel n'a pas etudie le code, soyez sur qu'elle se
l'est fait expliquer par des gens qui le connaissent.
--J'en suis convaincu, car le coup qu'elle a risque part d'une main
experimentee; mais justement parce q
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