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mais sans chercher a se cacher, la tete haute, ne laissant paraitre sa
confusion que par le trouble de ses yeux et la rougeur de son visage.
Sur ces derniers mots du commissaire elle s'avanca a son tour et vint se
poser a cote de Roger.
--Je n'ai ete ni enlevee, ni detournee, dit-elle en s'efforcant
d'affermir sa voix, qui malgre elle trembla, je suis venue
volontairement.
Le commissaire salua de la tete sans repondre, tandis que madame de
Barizel levait au ciel ses mains indignees et fremissantes.
--Pretendez-vous, monsieur le duc, dit le commissaire, s'adressant a
Roger, que mademoiselle est venue chez vous simplement en visite?
Roger ne repondit rien.
--S'enferme-t-on au verrou pour recevoir des visites? s'ecria madame de
Barizel; cherche-t-on a se sauver? Enfin une jeune fille va-t-elle faire
une visite a un jeune homme? Cette defense est absurde.
--Me suis-je donc defendu? demanda Roger avec hauteur.
--M. de Naurouse n'a pas a se defendre, dit vivement Corysandre, il n'a
rien fait; s'il faut un coupable, ce n'est pas lui.
Toutes ces paroles, celles de Corysandre, de Roger et de madame de
Barizel, etaient parties irresistiblement, sans reflexion, sous le coup
de l'emotion; seul le commissaire; qui en avait vu bien d'autres et qui
d'ailleurs n'etait point partie interessee, avait su ce qu'il disait.
Cependant le temps avait permis a Roger de se reconnaitre, au moins
jusqu'a un certain point, c'est-a-dire qu'il ne comprenait rien a ce qui
se passait.
Cependant il fallait qu'il parlat, qu'il se defendit, ou s'il ne se
defendait pas, qu'il sut a quoi cela l'entrainait. Madame de Barizel,
habile et avisee comme elle l'etait, n'avait certes pas decide une
pareille aventure a la legere.
--Monsieur le commissaire, dit-il, je voudrais avoir quelques instants
d'entretien avec vous.
--Je suis a votre disposition, monsieur le duc, repondit le commissaire,
qui paraissait beaucoup mieux dispose en faveur des accuses que de
l'accusateur.
--Mais, monsieur... s'ecria madame de Barizel.
--Ne craignez rien, madame, la porte est gardee.
Avant de sortir, Roger regarda Corysandre comme pour lui demander pardon
de la laisser seule; mais elle lui fit signe qu'elle avait compris.
Alors il passa dans le salon avec le commissaire.
--Monsieur le commissaire, dit-il, c'est une question que je voudrais
vous adresser si vous le permettez: vous avez parle d'accusation tout a
l'heure, cette accusation est-
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