etait la fille de mon pere, fille naturelle, nee de
relations entre mon pere et une jeune femme...
--Mademoiselle Aitie, modiste a Natchez; j'ai le certificat de bapteme
d'Olympe Boudousquie et beaucoup d'autres pieces authentiques la
concernant et concernant aussi sa mere.
Madame de Barizel eut un mouvement d'hesitation, cependant elle
continua:
--Vous savez comme ces liaisons se font et se defont facilement. Mon
pere eut le tort de ne pas s'occuper de cette fille qui, devenue grande,
suivit les traces de sa mere; c'est a elle que se rapportent sans doute
les pieces dont vous parlez, a elle aussi que se rapportent les recits
qui ont ete faits par MM. Layton et Urquhart et si vous trouvez qu'une
certaine ressemblance existe entre le portrait qu'on vous a montre et
moi, vous devez comprendre que cette ressemblance est assez naturelle
puisque celle qui a pose pour ce portrait etait... ma soeur.
--Et cette soeur naturelle, puis-je vous demander ce qu'elle est
devenue?
--Morte.
--Il y a longtemps?
--Une quinzaine d'annees.
--Vous avez un acte qui constate sa mort.
--Non, mais on pourrait sans doute le trouver... en le cherchant.
--Eh bien, je puis eviter cette peine, car j'ai une serie d'actes
s'appliquant a cette Olympe Boudousquie qui permettent de la suivre
jusqu'au moment ou M. le comte de Barizel l'a ramenee de la Havane.
--Monsieur le duc!
Mais Roger ne se laissa pas interrompre, vivement il se leva et etendant
le bras vers la porte:
--Je vous prie de vous retirer.
--Mais je vous jure.
--Me croyez-vous donc assez naif pour avoir foi aux serments d'Olympe
Boudousquie?
Elle se jeta aux genoux de Roger en lui saisissant une main malgre
l'effort qu'il faisait pour se degager:
--Eh bien! je partirai, s'ecria-t-elle avec un accent dechirant, je
retournerai en Amerique, vous n'entendrez jamais parler de moi, je serai
morte pour le monde, pour vous, meme pour ma fille; mais, je vous en
conjure a genoux, a mains jointes, en vous priant, en vous suppliant
comme le bon Dieu, ne l'abandonnez pas, ne renoncez pas a ce mariage.
Elle est innocente, elle est la fille legitime du comte de Barizel
dont la noblesse est certaine; elle vous aime, elle vous adore. La
tuerez-vous par votre abandon? C'est sa douleur qui m'a poussee a cette
demarche. Ne vous laisserez-vous pas emouvoir, vous qui l'aimez? l'amour
ne parlera-t-il pas en vous plus que l'orgueil?
--Que l'orgueil, oui; que l'honneur, non,
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