basse envie pour ma fille: je me nomme, il est vrai,
de Boudousquie du nom de mon pere; mais de Boudousquie et Boudousquie
sont deux. Lorsque avec des yeux egares vous etes venu m'annoncer que
vous partiez pour voir MM. Layton et Urquhart, j'ai ete pour vous
avertir qu'on tendait un piege a votre credulite, comme on avait essaye
d'en tendre un a la mienne lorsqu'on m'avait ecrit pour m'avertir qu'il
y avait en vous le germe de je ne sais quelle maladie mortelle, car deja
on m'avait menacee, pour m'escroquer de l'argent, de me rattacher a
cette famille Boudousquie avec laquelle je n'ai rien de commun; mais
je ne l'ai point fait, pensant que vous ne donneriez pas dans cette
invention grossiere. Je crois que j'ai eu tort; je vois que ces gens ont
su troubler votre jugement, cependant si ferme et si droit d'ordinaire,
et je viens me mettre a votre disposition pour vous fournir toutes les
explications que vous pouvez desirer. Il s'agit de ma fille, de son
bonheur, de son honneur, et je n'ecoute, moi, sa mere, que cette seule
consideration. Que vous a-t-on dit!
--Vous le demandez?
--Certes.
--M. Layton m'a dit qu'Olympe Boudousquie, apres avoir ruine son frere
dont elle etait la maitresse, avait amene celui-ci a se tuer. M.
Urquhart m'a dit que la meme Olympe Boudousquie, qui l'avait trompe et
ruine, etait la derniere des filles.
--Eh bien! en quoi cela a-t-il pu vous toucher? Il n'y a jamais eu rien
de commun entre la famille Boudousquie, a laquelle appartenait cette...
fille, et la famille de Boudousquie d'ou je sors.
--Alors comment se fait-il que le portrait d'Olympe Boudousquie, que M.
Urquhart a conserve et m'a montre, soit... le votre?
Du coup, madame de Barizel, si pleine d'assurance, fut renversee;
une paleur mortelle envahit son visage et Roger crut qu'elle allait
defaillir. Se voyant observee, elle se cacha la tete entre ses mains,
mais le tremblement de ses bras trahit son emotion.
Cependant elle se remit assez vite, au moins de facon a pouvoir
reprendre la parole:
--Je n'essayerai pas de cacher ma confusion et ma honte, dit-elle, car
je veux vous avouer la verite, toute la verite. Que ne l'ai-je fait plus
tot! Je vous aurais epargne les douleurs par lesquelles vous avez passe
et que vous nous avez imposees, a ma fille et a moi. J'avoue donc que,
tout a l'heure, en vous disant qu'il n'y avait rien de commun entre
Olympe Boudousquie et ma famille, j'ai manque a la verite: en realite
cette Olympe
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