onta a l'entresol pour diner seul dans un salon
particulier.
--Combien monsieur le duc veut-il de couverts? demanda le maitre
d'hotel, qui le reconnut.
--Un seul.
--Que commande monsieur le duc?
--Ce que vous voudrez.
A huit heures il entra a l'Opera.
Il ne tarda pas a ne pas pouvoir rester en place; la musique
l'exasperait.
Il sortit et s'en alla aux Bouffes.
Mais il n'y resta pas davantage.
Alors il se fit conduire aux Folies-Dramatiques, d'ou il se sauva au
bout d'un quart d'heure.
Ces gens qui paraissaient s'amuser, ces comediens qui jouaient
serieusement, la foule, le bruit, les lumieres, tout lui faisait
horreur.
Il entra chez lui, se disant que le lendemain ce serait la meme chose,
puis le surlendemain, puis toujours ainsi.
Mais le lendemain justement il n'en fut pas ainsi.
Le matin, comme il allait sortir, pour sortir, sans savoir ou aller, le
valet de chambre, entrant dans son cabinet, lui demanda s'il pouvait
recevoir madame la comtesse de Barizel.
La comtesse a Paris! Il resta un moment abasourdi.
--Avez-vous dit que j'etais chez moi? demanda-il.
--J'ai dit que j'allais voir si M. le duc pouvait recevoir.
Son parti fut pris.
--Faites entrer, dit-il.
Il passa dans le salon, s'efforcant de se calmer. Ce n'etait que la
comtesse, il n'avait pas de menagement a garder avec elle; il haissait,
il meprisait cette miserable femme qui le separait de Corysandre.
Elle entra la tete haute, avec un sourire sur le visage, et comme Roger,
stupefait, ne pensait pas a lui avancer un siege, elle prit un fauteuil
et s'assit. Elle eut fait une visite insignifiante, qu'elle n'eut certes
pas paru etre plus a son aise.
--J'ai recu votre lettre hier matin, dit-elle, et aussitot je me suis
mise en route pour venir vous demander ce qu'elle signifie.
--Que je renonce a la main de mademoiselle de Barizel.
--Oh! cela, je l'ai bien compris; mais pourquoi renoncez-vous a la main
de ma fille?
Il avait eu le temps de se remettre, et en voyant cette assurance qui
ressemblait a un defi, un sentiment d'indignation l'avait souleve.
--Parce qu'un duc de Naurouse ne donne pas son nom a la fille de
mademoiselle Olympe Boudousquie.
Il croyait la faire rentrer sous terre, elle se redressa au contraire et
son sourire s'accentua:
--Je crois, dit-elle, que vous etes victime d'une etrange confusion de
nom, que des malveillants, des jaloux ont inventee dans un sentiment de
haine stupide et de
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