fin elle se decida, mais en hesitant.
--Avant tout je dois vous avouer que votre demande, dont je suis fort
honoree, me prend tout a fait au depourvu et me cause une surprise que
je n'ai pas la force de cacher, car j'etais loin de soupconner votre
amour pour elle,--la resolution que j'ai mise a execution aujourd'hui
en est la preuve. Avant de vous repondre je dois donc tout d'abord
interroger ma fille, dont je ne connais pas les sentiments et que je ne
contrarierai jamais dans son choix. Et puis il est une personne aussi
que je dois consulter, notre meilleur ami en France, le second pere de
ma fille, M. Dayelle, qui, je ne vous le cacherai pas, sera peut-etre
votre adversaire, au moins dans une certaine mesure, c'est-a-dire...
--M. Dayelle m'a explique pourquoi il me considerait comme un assez
mauvais mari; mais c'est la un exces de rigorisme contre lequel je me
defendrai facilement si vous voulez bien m'entendre.
--Je voudrais que ce fut notre ami Dayelle qui vous entendit, car je
dois avoir egard a son opinion. Justement je l'attends. Vous pourrez
donc le faire revenir de ses preventions, qui, j'en suis convaincue, ne
sont pas fondees; mais, jusque-la il est bien entendu que la mesure que
j'avais cru devoir prendre et qui s'imposait a ma prevoyance de mere
n'a plus de raison d'etre, et que toutes les fois que vous voudrez bien
venir, nous serons heureuses, ma fille et moi, de vous recevoir.
--Alors j'aurai l'honneur de vous faire ma visite ce soir.
Roger se retira.
Ce fut ceremonieusement que madame de Barizel le reconduisit; mais
aussitot qu'il fut parti elle monta quatre a quatre a la chambre de sa
fille, ou elle entra en dansant.
--Enfin ca y est, s'ecria-t-elle, embrasse-moi, duchesse!
XXX
Si l'annonce du mariage de mademoiselle de Barizel, de la belle
Corysandre avec le prince Savine avait fait du tapage, celle de son
mariage avec le duc de Naurouse en fit un bien plus grand encore. On
avait parle de Savine, parce que Savine voulait qu'on parlat de lui
et employait dans ce but toute sorte de moyens. On parlait du duc de
Naurouse tout naturellement, parce qu'on avait plaisir a s'occuper de
lui. Savine n'etait aime de personne; Naurouse etait sympathique a
tout le monde, meme a ceux qui ne le connaissaient que pour ce qu'on
racontait sur son compte.
Et puis c'etait la semaine des courses, et les anciens amis de Roger
etaient arrives a Bade; le prince du Kappel, Poupardin, Montrevault
et di
|