attitude
avait ete ce qu'elle devait etre.
Berengere etait venue a lui, elle lui avait tendu la main; il l'avait
repoussee; elle s'etait retiree blessee, et d'autant plus profondement
qu'elle lui avait temoigne plus de tendresse.
--C'etait fini, bien fini.
Et ce mot etait celui qui terminait ses reflexions, et toutes les
hypotheses qu'il tournait et retournait dans sa tete comme dans son
coeur.
--Je lui fais horreur.
Cependant s'il avait pu traverser l'espace et voir ce qui se passait
dans cette chambre, il n'eut pas repete avec la meme desesperance:
"Fini, c'est fini."
Ce mot avait ete aussi celui de Berengere, lorsque, rentree chez elle,
elle avait pu s'abandonner aux mouvements de son ame.
Et pendant longtemps, marchant dans sa chambre, elle l'avait repete
comme le capitaine au pied de son chene, et avec le meme accent, avec la
meme douleur.
Mais tandis qu'il s'etait dit et repete que l'irreparable etait
accompli, elle en etait arrivee a la longue a se dire qu'il ne fallait
pas que ce qui s'etait passe entre eux fut irreparable.
Car le sentiment d'horreur qu'il croyait avoir eveille en elle ne se
trouvait pas dans son coeur.
Elle avait ete blessee par sa reponse, elle en avait eprouve un
sentiment de colere, mais nullement d'horreur.
Si elle se disait: "c'est fini," ce n'etait point parce que depuis qu'il
lui avait parle, elle le jugeait indigne d'etre son mari, mais parce
qu'elle croyait que son grand-pere le jugerait tel, quand il apprendrait
la verite.
Pour elle, il fallait bien qu'elle s'avouat qu'elle l'aimait toujours,
apres comme avant, et qu'elle reconnut combien profondement elle
l'aimait.
Elle ne voulait donc pas que "ce fut fini."
Une partie de la nuit se passa a chercher comment renouer ce qui avait
ete brise, et peu a peu elle en vint a se persuader que s'il avait su
qu'elle l'aimait, il n'aurait point parle comme il l'avait fait.
--S'il savait que je l'aime, il ne penserait pas comme il pense.
Et, lorsqu'enfin elle s'endormit, elle prononca son nom a plusieurs
reprises, tendrement, avec espoir.
XXVIII
Le lendemain matin, au moment ou M. de la Roche-Odon allait partir pour
Conde, Berengere parut devant lui habillee, chaussee, et la toque en
plumes sur la tete, en tout une toilette pour sortir.
--Bonjour, grand-papa, veux-tu de moi dans ta promenade?
--Mais je vais a Conde.
--Je sais bien; c'est pour cela que je te demande si tu veux que je
t'accompag
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