lle voulut
prononcer quelques paroles appropriees a la circonstance.
Mais aux premiers mots son emotion l'entraina beaucoup plus loin qu'elle
n'aurait voulu aller, et plus elle se debattit, plus elle s'enfonca.
--Oh! mon enfant, ma chere enfant, combien je suis heureuse de vous
entendre reconnaitre ainsi un moment d'erreur; rien n'est plus beau,
assurement rien n'est plus beau; mais que penseriez-vous de moi si
j'acceptais vos excuses sans vous adresser les miennes? Car enfin, moi
aussi j'ai eu tort a votre egard, grand tort; je n'aurais pas du vous
presenter une observation sur ce ton; vous n'etes plus une enfant; je
me suis oubliee; il etait donc legitime que vous fussiez blessee;
pardonnez-moi.
Et au bout de cette periode entrecoupee, elle se retourna vers M. de la
Roche-Odon:
--Quelle chere enfant! s'ecria-t-elle, ah! quelle noble enfant!
M. de la Roche-Odon avait commence par etre emu des excuses de
Berengere, mais celles de miss Armagh le toucherent beaucoup moins, et
il avait meme fini, bien qu'il fut l'homme le moins moqueur du monde,
par etre pris d'une irresistible envie de rire, tant etaient drolatiques
les mines que faisait cette pauvre miss Armagh.
Pour ne pas ceder a ce rire, il s'adressa a Berengere:
--Alors tu as ete te promener dans la foret? dit-il.
--Oui, grand-papa.
--Et ou as-tu ete?
--Aux ruines du temple.
--Idee bizarre.
Et longuement il la regarda.
Elle se sentit rougir, et pour cacher sa confusion elle detourna la
tete.
--C'est aupres des ruines que Cornu t'a retrouvee?
--Non, j'ai entendu Cornu appeler; j'ai pense qu'il me cherchait
peut-etre et je suis descendue.
--Alors tu l'as empeche de monter?
--Il n'avait pas besoin de monter, puisque je descendais.
--C'est precisement ce que je dis, il n'a pas monte aux ruines.
Il se fit un silence.
Mais M. de la Roche-Odon ne cessa pas de tenir ses yeux attaches sur
Berengere, qui ne savait quelle contenance prendre.
Enfin il reprit:
--Et c'est pour cette promenade aux ruines du temple, que tu n'as pas
voulu venir avec moi?
Elle ne repondit pas.
--Car enfin tu as refuse de m'accompagner, insista le comte.
Elle baissa la tete.
--Tu comprends donc que dans de pareilles circonstances, l'insistance de
cette excellente miss Armagh et ses observations etaient parfaitement
fondees.
--Je l'ai reconnu.
--C'est vrai, et comme miss Armagh je suis satisfait de voir que tu
n'as pas persiste dans ta
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