l s'agit de moi, et d'avance je vous remercie de vos
bonnes dispositions.
--M. Aurelien...
--Mon fils est un bon jeune homme; il a toutes les qualites, toutes les
vertus, mais enfin c'est un fils, ce n'est pas une fille; de la le mal,
de la mes inquietudes. On m'a rapporte, et j'ai tout lieu de croire ce
renseignement exact, que mon fils s'etait laisse toucher par la beaute
extraordinaire d'une jeune fille du Transtevere. Ce qu'il y a de
certain, c'est qu'on l'a vu chez elle. Et cela est d'autant plus facile
que le pere de cette jeune fille tient un cabaret au bout du pont
Quatro-Capi.
--M. Aurelien!
--Helas! oui. Vous voulez dire, n'est-ce pas, que mon fils, dans sa
position et avec la fortune dont il jouira un jour, ne doit point se
prendre d'amour pour la fille d'un simple cabaretier. Cela est bien
juste. Malheureusement cela n'est juste que pour nous; les jeunes gens
ne raisonnent pas, ne sentent pas comme les personnes de notre age, et
mon fils s'est laisse toucher par la beaute extraordinaire de cette
jeune fille. Quels sentiments ressent-il pour elle? Je l'ignore. Est-ce
une amourette? Est-ce un amour veritable? Si c'est une simple amourette,
cela n'est pas bien grave, nous quitterons Rome, et il n'en sera plus
question; car vous pensez bien que je ne suis pas femme a permettre que
mon fils ait une maitresse.
Baldassare fit un signe d'assentiment a l'enonciation de ces principes.
--Si au contraire c'est un amour veritable, les choses prennent une
importance capitale. Si je ne suis pas femme a permettre que mon fils
ait une maitresse, d'autre part je ne suis pas femme non plus a faire
son malheur parce que celle qu'il aimerait serait la fille d'un simple
cabaretier. Que cette jeune fille soit digne de lui par les qualites
morales, par ses vertus, et je ne m'opposerais pas a ce qu'il la prit
pour femme, bien que cela ruinat d'autres projets que j'ai en vue. En ce
moment mon embarras est donc bien cruel, et voila pourquoi je m'adresse
a vous.
Baldassare laissa paraitre une surprise qui disait clairement qu'il ne
s'imaginait pas du tout comment il pouvait soulager l'embarras de madame
Pretavoine.
Elle poursuivit:
--Ce qu'il me faudrait savoir presentement, c'est si ce que mon fils
eprouve pour cette jeune fille est une amourette ou de l'amour; et aussi
quelle est cette jeune fille, ce qu'est son education, ce que sont ses
moeurs, en un mot toute une serie de renseignements qui me la fassent
conn
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