tait de lui faire entendre ce
qui s'y dirait.
Tout se trouvait change et, par bonheur, dans un sens favorable a ses
desseins.
Sachant ce qu'elle savait maintenant, elle pourrait meme se passer du
concours de Rosa Zampi; en effet, il suffisait que lord Harley, arrivant
dans la nuit, trouvat Cerda et madame de la Roche-Odon en tete-a-tete,
soupant galamment, pour rompre avec sa maitresse infidele.
Mais il n'y avait aucun inconvenient a aller au dela du simple
suffisant.
Bien qu'elle se connut mal aux choses de l'amour, elle savait cependant
que les amants sont faibles et que qui dit amoureux dit aveugle et sourd
de parti pris, aveugle a ne pas voir ce qui creve les yeux, sourd a ne
pas entendre ce qui dechire les oreilles.
Elle etait habile, la vicomtesse; qu'elle fut surprise a table avec
Cerda, et elle etait femme a trouver une explication a ce tete-a-tete;
tandis que si lord Harley survenait au moment ou Rosa Zampi reprocherait
a la vicomtesse de lui avoir enleve son amant, ou bien arracherait les
yeux a Cerda, toutes les explications du monde ne prevaudraient pas
contre cette scene qui se passerait devant lui; ce que son amour credule
admettrait, son orgueil justement exaspere le repousserait; un homme
comme lord Harley meprise la femme assez faible pour vous donner
comme rival un comedien et pour s'exposer aux injures d'une fille du
Transtevere; il y avait la une promiscuite a soulever le coeur le moins
delicat.
Il etait donc important, puisque les circonstances le permettaient, que
lord Harley, Rosa Zampi et Cerda se rencontrassent tous les trois au
meme moment chez la vicomtesse.
Pour Cerda il n'y a pas a s'en occuper, ce serait madame de la
Roche-Odon qui l'inviterait elle-meme.
Pour Rosa Zampi, il n'y avait qu'a laisser mademoiselle Emma agir; si
une catastrophe arrivait et si la scene ne se renfermant pas dans les
paroles degenerait en actes de violence qui amenassent des recherches
judiciaires, Emma seule serait compromise; n'etait-ce pas elle qui seule
avait eu l'idee de debarrasser sa maitresse de Cerda; n'etait-ce pas
elle qui avait fait ecrire la lettre de Rosa; ne serait-ce pas elle
enfin qui aurait ouvert la porte par laquelle la Transteverine en fureur
aurait penetre aupres de madame de la Roche-Odon? Emma, Emma seule,
aurait tout concu; Emma seule aurait tout execute. Ou voir une autre
main? Ou lui trouver une complice?
Pour lord Harley, au contraire, il fallait se decider a interve
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