ssait assez ces sortes d'affaires pour
savoir qu'un cahier de cheques ne peut servir qu'a la personne a
laquelle il appartient, puisque c'est cette personne seule qui doit
remplir le cheque et le signer.
--J'en ai besoin, dit-elle.
Il ouvrit les levres pour prononcer le mot "pourquoi?" mais il les
referma sans avoir dit ce mot.
Il baissa meme les yeux sous le regard de sa mere, et ouvrant les
tiroirs de son bureau, il lui donna le cahier qu'elle demandait. Sans
deviner ce qu'elle en voulait faire, il sentait vaguement qu'il valait
mieux ne pas la questionner a ce sujet.
--Que devons-nous faire de cette lettre? demanda-t-il.
--Je me charge de faire tout ce qui sera necessaire, dit-elle sans
repondre directement a la demande de son fils.
Le sac fut bientot termine, et Aurelien ayant revetu un costume de
voyage se trouva pret a partir.
--A Naples, vous descendrez a l'hotel de Rome, dit-elle, et vous voudrez
bien y revenir plusieurs fois par jour, car il est possible que j'aie
besoin de vous telegraphier et qu'il faille que votre reponse ne soit
pas retardee.
Ils n'avaient plus qu'a descendre, mais madame Pretavoine n'avait pas
encore pris toutes ses precautions.
--Comme nous pourrions rencontrer le prince en descendant, dit-elle...
--Cela n'est guere probable.
--Enfin cela est possible; pour eviter cette rencontre qui ruinerait
toutes mes combinaisons, je vais envoyer chercher une voiture, elle
stationnera a la porte, vous vous jetterez dedans, et vous vous ferez
conduire a la gare; puis de la gare vous vous ferez ramener a l'hotel le
plus proche.
Bientot la voiture fut devant la porte, et pour conjurer tout danger,
madame Pretavoine se mit elle-meme en faction sur le trottoir, regardant
a droite et a gauche a la lueur des deux lampes carcel brulant devant la
madone, si elle n'apercevait point Michel.
Alors elle appela Aurelien qui etait reste dans le vestibule, et l'ayant
installe vivement dans la voiture, elle l'embrassa rapidement.
--Remerciez le bon Dieu, dit-elle.
Puis la voiture se mit en route du cote de la place Barberini, et madame
Pretavoine referma elle-meme la porte d'entree.
Mais avant de remonter chez elle, elle appela la portiere.
--Il est possible que le prince Sobolewski vienne demain matin pour voir
mon fils, dit-elle; vous lui repondrez que M. Aurelien est sorti et
qu'il a laisse une lettre pour lui.
La portiere tendit la main, mais madame Pretavoine ne lui donna
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