rancs, il
devait payer le lendemain au baron Kanitz.
--Vous voyez bien qu'il joue, dit Aurelien.
--Je vois bien qu'il a joue, mais je ne vois pas qu'il ait paye.
--Vous le verrez demain.
--J'en doute.
Aurelien s'etait empresse de rentrer pour prevenir sa mere.
Aux premiers mots, madame Pretavoine l'avait abandonne et s'etait
precipitee dans les escaliers comme si le feu etait a la maison.
--Si on vient demander mon fils, dit-elle a la femme qui remplissait les
fonctions de portier, vous repondrez qu'il n'est pas rentre.
Et cette precaution prise, elle etait remontee pres d'Aurelien.
--Dieu est avec nous, dit-elle, le prince ne nous echappera pas; il doit
venir vous rendre demain les mille francs que vous lui avez pretes,
n'est-ce pas?
--Il m'a promis de venir demain matin avant onze heures.
--Il viendra certainement et, je crois, avant onze heures; seulement
ce ne sera pas pour vous rendre vos mille francs, ce sera pour vous en
emprunter neuf mille; les choses tournent mieux que nous ne pouvions
raisonnablement l'esperer; ce qui vous prouve bien que la Providence
vous protege. Bien entendu vous ne serez pas ici.
--Ou voulez-vous que j'aille?
--A Naples, et vous allez partir tout de suite.
--Il n'y a plus de train.
--Peu importe; vous quittez cette maison immediatement, vous allez
coucher dans un hotel aupres de la gare et demain matin vous prenez le
premier train; pendant que vous vous promenerez dans Naples j'agirai
ici; quand vous reviendrez nous aurons le consentement de madame de la
Roche-Odon.
--Je vous admire.
--Ce qu'il faut, c'est m'obeir sans retard; pendant que je vais vous
preparer un sac de nuit, mettez-vous a cette table et ecrivez au prince.
--Que voulez-vous que j'ecrive?
--Quelques lignes pour lui dire que vous partez ce soir pour Naples,
d'ou vous ne reviendrez que dans cinq ou six jours, et qu'en consequence
vous le priez de retarder jusque-la le remboursement qu'il devait vous
faire demain.
Pendant qu'Aurelien ecrivait cette lettre, madame Pretavoine entassait
dans un sac le linge et les objets de toilette qui pouvaient etre
necessaires a son fils pour ce court voyage.
Comme Aurelien, ayant acheve sa lettre, allait se lever de devant le
bureau sur lequel il l'avait ecrite, sa mere s'approcha de lui.
--A propos, dit-elle, donnez-moi votre cahier de cheques.
Il la regarda avec surprise, car, bien qu'il n'eut jamais fait
d'affaires de banque, il connai
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