e, notamment l'eveque de Nyda; il fallait qu'il la
soutint energiquement; elle avait travaille pour lui, sans s'epargner; a
lui maintenant de travailler pour elle, de meme. Ce qu'il avait a faire,
elle n'avait pas a le lui dire; mais ce qu'elle allait faire, elle le
lui expliqua. Ne voudrait-il pas battre L'abbe Fichon?
Quand elle ecrivait aux etrangers, elle employait une ecriture
illisible, impossible, qui escamotait les difficultes orthographiques;
mais avec lui, son confesseur, elle n'avait point de ces hontes
pudiques, et ce qu'elle voulait dire, elle le disait en toutes lettres,
du moins celles qui lui paraissaient necessaires.
Si apres cet appel le nouvel eveque n'agissait pas, c'est qu'alors, lui
aussi, etait un traitre; mais cela, elle ne voulait pas le croire; il
aurait encore besoin d'elle; et voulut-il etre traitre, il ne l'oserait
pas.
Les visites de madame Pretavoine et les commerages qui les avaient
suivies avaient ravive l'emotion autour de la Croix du Colisee.
Qu'allait-il se passer?
Le vendredi qui suivit ces visites, la reunion des _amants_ et des
_amantes de Jesus_ fut nombreuse; on voulait voir ce qui allait arriver
et ce que ferait cette Francaise.
On partit en procession croix en tete, chacun ayant revetu le costume:
longue robe et capuche. Suivie de la soeur Sainte-Julienne, madame
Pretavoine se faufilait de groupe en groupe, excitant le zele des
fideles par l'entremise de la soeur qui traduisait ses paroles
enflammees, mais, il faut le dire, en les affaiblissant; car, etant de
caractere doux et d'humeur placide, elle n'etait nullement faite pour
prendre le clairon qui sonne la bataille.
On arriva devant le Colisee.
Le mot d'ordre donne par madame Pretavoine etait qu'il fallait entrer.
On se presenta a la porte orientale, celle qui s'ouvre vis-a-vis la rue
conduisant a Saint-Jean de Latran; mais devant les gardiens on s'arreta,
et un mouvement d'hesitation s'etant produit, on continua la procession
en longeant les murs du Colisee comme on l'avait deja fait les vendredis
precedents.
Contrairement a ce qu'on attendait, madame Pretavoine, ou plus justement
comme on disait "la Francaise", n'avait fait aucune tentative serieuse
pour forcer l'entree de l'arene: bien qu'elle fut aux premiers rangs du
cortege, elle avait suivi l'impulsion donnee sans faire de resistance.
--Elle n'avait donc de l'audace qu'en parole.
Mais elle avait parfaitement prevu ce mouvement, et avant d'int
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