s, et elle ne put se degager;
d'autre part l'impulsion qu'elle attendait de sa troupe ne se produisit
pas.
On parlait fort, on gesticulait avec vehemence, mais on ne se
precipitait pas en avant comme elle l'avait espere.
Un autre homme de police etait survenu, et celui-la paraissait avoir un
grade; il entendait et parlait le francais.
--Allons, madame, dit-il a madame Pretavoine, retirez-vous, il est
defendu d'entrer, vous ne pouvez pas passer.
--Vous n'avez pas le droit d'arreter une chretienne.
--Je ne vous arrete pas, madame, je vous prie de vous retirer.
--C'est un sacrilege, c'est une persecution
--Allons, madame, retirez-vous.
Et de la main il fit signe a son subalterne de lacher madame Pretavoine.
Celle-ci ne fut pas plus tot libre qu'elle se precipita en avant, mais
elle ne put pas ecarter le barrage vivant qui s'etait forme devant elle.
Des bras s'etendirent pour la repousser, alors tombant a genoux:
--Tuez-moi, s'ecria-t-elle, sur la terre arrosee du sang des martyrs, je
mourrai pour ma foi.
--Il n'est pas question de mort ni de martyre, retirez-vous, voila ce
qu'on vous demande; allons, allons, obeissez.
--Je ne me retirerai pas.
--Ne m'obligez pas a la rigueur.
--Oseriez-vous porter la main sur une Francaise?
--J'ai une consigne, je la ferai respecter.
Tout cela n'etait pas bien tragique, cependant l'exasperation commencait
a gagner madame Pretavoine, d'ailleurs il etait dans son plan de pousser
les choses a l'extreme.
--La France va bientot vous mettre a la raison et vous chasser de Rome.
Le patriote italien se facha cette fois, et il fit un signe a
ses hommes, qui, prenant madame Pretavoine chacun par le bras,
l'entrainerent au dehors.
--Vous tous soyez temoins! s'ecriait la prisonniere vers son armee.
Mais le moment de la debandade etait venu: que faire contre la force?
La soeur Sainte-Julienne, bien qu'epouvantee, n'avait cependant pas
abandonne madame Pretavoine, et elle marchait pres d'elle en l'engageant
doucement a se calmer.
Se calmer! il etait vraiment bien question de cela. Au contraire elle
resistait.
--Allez prevenir mon fils, dit madame Pretavoine, afin qu'il previenne
lui-meme notre ambassadeur.
Puis, s'adressant aux gens de police:
--Vous savez que c'est a une Francaise que vous avez affaire?
Assurement les martyrs chretiens qui dix-huit cents ans plus tot avaient
passe a cette meme place, entraines vers le cirque ou ils allaient et
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