es.
--Je comprends cela; mais ce que je ne comprends pas, c'est cette
concordance dans l'arrivee de Rosa et de lord Harley, juste au moment ou
Cerda se trouvait a souper avec madame de la Roche-Odon.
--Ni moi non plus, mais enfin cela s'est passe ainsi.
--Et la suite?
--Lord Harley a quitte Rome.
--Pour retourner a Ardea?
--Pour aller a Naples; on l'a vu prendre le train de neuf heures et
demander un billet pour Naples.
--Alors, c'est une vrai rupture?
--Cela l'indique; mais lord Harley aime si passionnement la vicomtesse
qu'il n'a peut-etre pas ete plus loin qu'Albano; ce ne serait pas le
premier qui aurait voulu s'eloigner d'une femme meprisable et qui ne
l'aurait pas pu.
--Ce serait une lachete.
--Peut-etre; mais n'en commet pas qui veut.
--Et Cerda?
--Cerda est rentre chez lui avec pas mal de cheveux en moins et les
ongles de mademoiselle Rosa imprimes sur la figure.
--Cela vaut mieux qu'un coup de couteau.
--A son premier amant, Rose a joue du couteau; au second, des ongles; au
troisieme, elle prendra les choses avec une douce philosophie.
--Et madame de la Roche-Odon, comment-va-telle prendre les choses? On
disait qu'elle etait folle de Cerda.
--J'avoue que ce qui m'intrigue le plus, c'est de savoir comment Michel
Berceau va les prendre: il etait bien certain que c'etait lord Harley,
qui lui fournissait l'argent necessaire a ses pertes de jeu, non pas en
le lui donnant directement, mais par les mains de la vicomtesse; comment
va-t-il jouer maintenant?
--Tu sais que je ne croirai jamais cela? dit Aurelien, voulant prendre
la defense de celle qui serait bientot sa belle-mere.
--Qu'est-ce que tu ne veux pas croire?
--Que la vicomtesse acceptait de l'argent de lord Harley.
--Alors d'ou lui venaient les deux ou trois cent mille francs qu'elle
depensait chaque annee?
--Cela, je n'en sais, rien; mais jamais, je n'admettrai qu'une femme
telle que la vicomtesse a accepte une pareille existence.
--Crois ce que tu voudras, et si tu as tant d'estime pour elle va la
consoler.
De cet entretien avec son ami Vaunoise, il resultait que lord Harley
etait parti pour Naples, et c'etait la un renseignement d'une grande
importance.
Voulant en obtenir d'autres encore, et poursuivre son enquete, Aurelien
retourna dans le Corso, ou il etait sur de rencontrer vingt personnes
qui lui parleraient de cette aventure.
Un peu avant d'arriver a la place Colonna, il apercut Michel; qui se
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