t le devouement qu'elle
avait pour la mere, et meme, a dire vrai, elle haissait du plus profond
de son coeur le jeune prince, qui ne l'avait jamais traitee qu'avec
grossierete. Leurs querelles, ou les gros mots n'etaient epargnes de
part ni d'autre, avaient plus d'une fois trouble la maison.
--Vous ruinez votre mere et vous la ferez mourir de chagrin, dans la
misere, disait la fidele femme de chambre.
--Si ma mere n'avait pas gaspille ce qui m'appartenait, je ne lui
demanderais rien aujourd'hui, repliquait Michel.
C'etait pour ne pas recourir a Emma, qui, il le savait d'avance, ne lui
donnerait rien, qu'il s'etait adresse a Aurelien.
Mais, malgre ses calineries, Aurelien avait tenu bon.
--Je n'en ai pas, mon cher prince.
--Eh bien! vous avez du credit, vous qui etes un homme range; usez-en
pour moi, et vous m'aurez rendu un service que je n'oublierai jamais.
--Cela est absolument impossible: vous savez que ma mere, qui ne peut
pas se reposer et qui a le genie des affaires, voudrait qu'on fondat a
Rome une grande banque catholique, qui, centralisant tous les capitaux,
serait un puissant moyen d'influence pour la papaute. Comment
voulez-vous que, dans ces conditions, moi, son fils, j'aille emprunter
quelques milliers de francs: ce serait compromettre son credit et
surtout son autorite. Attendez quelques jours, et je vous promets de
mettre a votre disposition les fonds dont vous avez besoin; il ne s'agit
que de quelques jours.
Mais precisement Michel ne pouvait pas attendre ces quelques jours, car
il se disait que, s'il cessait de paraitre a son club et d'y jouer, on
ne manquerait pas de murmurer tout bas, peut-etre meme de crier tout
haut que c'etait parce que la source qui alimentait ses depenses venait
de se tarir, et, a cette pensee, il etait pris d'une rage folle,
cherchant parmi ses amis ceux qui les premiers parleraient ainsi de lui,
et regrettant de ne pas pouvoir leur loger une balle dans la tete ou six
pouces de fer dans le coeur.
--Il s'etait alors retourne vers Emma, mais il avait recu de celle-ci
l'accueil qu'il attendait.
--Je n'ai rien, et si j'avais quelque chose, je ne vous le donnerais
pas; je le garderais pour votre mere qui ne va pas tarder a se trouver
dans un terrible embarras; au lieu de perdre votre temps a jouer, vous
feriez mieux de chercher un mari a votre soeur.
--Je n'ai que faire de vos avis.
--Je vais vous en donner un cependant: ne cherchez pas les bijoux et
les di
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