vaincre; apres avoir
passe cinq jours dans l'inquietude, elle apprit par Aurelien, qui le
tenait de M. de Vaunoise, toujours bien informe, que le soir meme de son
arrivee a Naples, lord Harley s'etait embarque sur un paquebot de la
compagnie Rubatino, allant de Genes a Bombay.
Quel soulagement!
Si lord Harley partait pour les Indes, c'etait que la rupture etait
definitive; et qu'il voulait fuir sa maitresse; avant qu'il revint a
Rome, s'il y revenait jamais, elle avait dix fois; cent fois plus de
temps qu'il ne lui en fallait pour arracher a madame de la Roche-Odon le
consentement qui devait donner Berangere a Aurelien.
Pendant ces cinq jours, Aurelien avait mis en pratique, avec le prince
Michel, la ligne de conduite qui lui avait ete recommandee par sa mere,
c'est-a-dire qu'il avait refuse de lui preter de l'argent.
--Il n'en avait pas pour le moment; ses fonds deposes a la Banque
de Rome etaient epuises; dans quelques jours il serait tout a sa
disposition, mais presentement c'etait impossible.
Si Michel etait ordinairement rogue, insolent et brutal, il savait se
faire insinuant et gracieux avec les gens dont il avait besoin; alors
aucune calinerie, aucune bassesse ne lui coutait.
Or, il n'avait jamais eu autant besoin de la bourse d'Aurelien qu'en ce
moment; car pour soutenir l'attitude hautaine et provocante qu'il avait
prise, il fallait qu'il ne changeat rien a ses habitudes, et qu'on le
vit jouer chaque jour comme il jouait depuis qu'il etait a Rome.
Et justement il n'y avait qu'Aurelien qui pouvait lui fournir cet
argent de jeu; le soir ou s'etait passee la scene preparee par madame
Pretavoine, il etait reste au club jusqu'au petit matin, et il s'etait
retire devant une assez grosse somme a ses adversaires.
Cette somme il l'avait demandee a sa mere en la grossissant d'un quart,
selon ses habitude, et madame de la Roche-Odon la lui avait donnee, avec
la superbe indifference qu'elle avait pour l'argent, aussi bien celui
qu'elle recevait, que celui qu'elle depensait.
Mais cette reserve n'avait pas dure dans les mains de Michel; le
lendemain elle etait depensee.
Il etait alors revenu a sa mere; celle-ci, sans un mot de reproche ou
sans une observation, avait passe la revue de tous ses tiroirs; mais ne
trouvant rien par cette excellente raison qu'elle les avait deja visites
et vides la veille, elle l'avait renvoye a Emma, qui etait sa caissiere.
Mais celle-ci n'avait pas pour le fils l'amitie e
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