un
rapprochement; voila pourquoi je vous demande d'observer attentivement
le prince Michel; si la rupture persiste, elle se traduira dans sa
mauvaise humeur; si au contraire un rapprochement se produit, cette
mauvaise humeur disparaitra.
--Michel est toujours de mauvaise humeur.
--Plus ou moins, c'est pour vous, qui devez maintenant le bien
connaitre, une affaire de mesure; de plus, je vous demande de ne pas lui
donner d'argent s'il veut vous en emprunter.
--Cela serait difficile avec les habitudes que je lui ai laisse prendre.
--Vous direz que vous etes a court.
--Il me demandera de lui donner un cheque sur la banque de Rome.
--Vous repondrez que votre credit est epuise; au reste, il s'agit de lui
faire tirer la langue pendant quelques jours seulement; c'est un moyen
pour moi plus sur qu'un interrogatoire de savoir ou en sont les
choses; dans quelques jours vous mettrez de nouveau notre bourse a sa
disposition et plus largement que jamais, de facon qu'il soit bien
certain a l'avance d'obtenir de vous tout ce qu'il voudra, et qu'il
compte sur vous comme sur son banquier, s'il en avait un.
--Comme il a deja cette confiance, c'est ce qui rend un refus difficile;
mais il sera fait ainsi que vous desirez.
--Tout en frequentant le prince Michel, le plus qu'il vous sera possible
aujourd'hui et pendant quelques jours encore, vous verrez aussi votre
ami, M. de Vaunoise, et vous ecouterez attentivement tout ce qu'il vous
racontera; enfin vous ecouterez de la meme facon tous ceux avec qui vous
etes en relations; il est impossible que la rupture de lord Harley avec
la vicomtesse de la Roche-Odon ne souleve pas un scandale dans Rome, et
il est impossible que la rupture de Corda avec la vicomtesse d'une part,
et d'autre part avec Rosa Zampi...
--Cerda, Rosa Zampi, la vicomtesse!...
--Oui, dit madame Pretavoine en souriant, c'etait une echeance.
Et enchantee de sa plaisanterie, elle se mit a rire d'un petit rire sec,
en se frottant doucement les deux paumes des mains l'une contre l'autre.
Puis reprenant la parole:
--Vous comprenez, n'est-ce pas, que tout cela va soulever un beau tapage
et dans la societe etrangere et dans le monde du theatre; ce que je vous
demande, c'est de recueillir avec soin tout ce qui aura rapport a ces
divers personnages; seulement, si vous devez ecouter, vous ne devez pas
parler. Vous ne savez rien, et vous ne saurez que ce qu'on vous aura
raconte dix fois. Si vous commettiez aujou
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