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directement et personnellement.
Assurement cela etait facheux, et il eut ete grandement a souhaiter
qu'elle eut etabli, soit par elle-meme, soit par Aurelien, des relations
avec cet Anglais, car alors elle eut pu manoeuvrer avec lui, comme elle
venait de le faire avec madame de la Roche-Odon, se tenant dans la
coulisse, et mettant en avant des intermediaires inconscients du role
qu'on leur donnait a jouer; mais enfin, puisque cela n'avait pas ete
prepare en temps, il etait trop tard maintenant; ce n'etait pas en huit
jours qu'on pouvait trouver des amis complaisants qui se chargeraient de
prevenir lord Harley qu'il etait trompe et que pour avoir la preuve de
cette tromperie il n'avait qu'a penetrer chez sa maitresse le lundi
suivant, a minuit, en se servant pour la premiere fois de sa clef.
Dans ces conditions, il n'y avait donc qu'a agir soi-meme, et cela sans
perdre de temps.
Le seul moyen qui lui parut sur etait celui qu'elle employait deja avec
Rosa Zampi, une lettre anonyme, que la poste se chargerait de remettre
sans inquietude de savoir ce qu'elle portait.
Mais un embarras se presentait pour madame Pretavoine, qui, ne sachant
ni l'italien ni l'anglais, ne pouvait ecrire sa lettre qu'en francais;
or se servir de cette langue a Rome en parlant a un Anglais etait une
grosse imprudence, qui tout d'abord restreignait les recherches a un
petit nombre de personnes.
Il etait donc d'une importance capitale que cette lettre fut en anglais
ou en italien, et qu'elle fut ecrite par quelqu'un qu'on ne put pas
trouver, si on se livrait a des recherches.
Cela realise, on n'aurait plus qu'une mauvaise chance de son cote; celle
resultant de l'etonnement d'Emma en voyant surgir lord Harley; mais
contre celle-la, il n'y avait rien a faire au moins preventivement; si
plus tard Emma demandait comment lord Harley avait ete prevenu, on se
defendrait, et cela serait d'autant plus facile qu'on la tiendrait par
la lettre qu'elle aurait ecrite elle-meme a Rosa.
C'etait en revenant de la via Gregoriana chez les soeurs Bonnefoy que
madame Pretavoine avait ainsi examine la situation; arrivee dans sa
chambre, elle se mit a sa table et vivement elle atteignit ce qui lui
etait necessaire pour ecrire: son plan etait arrete, elle avait trouve
celui qui ecrirait cette lettre en anglais, sans qu'on put jamais le
decouvrir.
C'etait un vieil employe qu'elle avait eu pendant vingt ans dans sa
maison de banque, ou il faisait la corr
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