toie, sachant
que ce jour-la elle trouverait Baldassare seul, l'eveque de Lyda etant
retenu au Vatican par les devoirs de sa charge.
Elle n'avait pas hate de savoir "comment le danger qu'elle redoutait
n'existait pas," puisqu'elle avait ellememe invente ce danger, et pourvu
qu'elle empechat Baldassare de s'exposer de nouveau a la curiosite des
demoiselles Bonnefoy, cela suffisait.
Comme elle avait pour regle de conduite de ne jamais se presenter les
mains vides, chez les gens dont elle avait besoin, elle remplaca cette
fois les bonbons par un jouet pour Cecilia, et dans sa generosite elle
alla jusqu'a le payer cinq lires. Si Baldassare avait bu un litre avec
des amis chaque fois qu'il avait ete chez le cabaretier Zampi, il
n'etait vraiment pas juste qu'il supportat ces depenses; dix litres a 30
centimes, cela faisait trois francs. C'etait donc un remboursement ce
jouet de cinq lires, et de plus un cadeau. Elle ne lui devait plus que
de la reconnaissance,--ce qui heureusement se paye par a-compte. Tout
d'abord ces a-compte sont considerables, mais ils vont bien vite en
diminuant progressivement d'importance jusqu'au dernier, pour lequel il
n'y a que les gens vraiment prodigues qui ne demandent pas qu'on leur
rende leur monnaie.
--Si je n'avais pas craint de paraitre vouloir vous presser, je serais
venue plus tot, dit madame Pretavoine, tant j'etais inquiete.
--J'avais cependant bien recommande qu'on vous dit que le danger que
vous redoutiez n'existait pas.
--Quel danger?
--Mais celui dont vous m'aviez parle, que M. Aurelien aime cette Rosa
Zampi.
--Que me dites-vous la, mon excellent monsieur Baldassare.
--Je ne dis pas que M. Aurelien n'a pas trouve que Rosa n'etait pas
une belle fille, car c'est vraiment une tres-belle fille, mais rien
n'indique qu'il eprouve veritablement de l'amour pour elle, et quant a
l'epouser il n'y a rien a craindre de ce cote. Rosa n'est pas une fille
qu'on epouse, et la preuve c'est que ceux qui l'ont aimee ne l'ont pas
epousee.
--Mais ce qu'on m'a rapporte...
--Ce qu'on vous a rapporte, c'est que M. Aurelien et un autre Francais
de ses amis avaient frequente le cabaret de Rosa Zampi; cela est vrai.
--Vous voyez bien.
--C'est-a-dire que c'est vrai et que ce n'est pas vrai; pendant
plusieurs jours on les a vus chez Zampi, et tout de suite on a dit
qu'ils venaient pour sa fille, ce qui est bien possible, car ce _spaccio
divino_ n'est pas un endroit ou vont ordinaireme
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