fs les sentiments de respectueuse
affection qu'il ressentait pour toi.
--Passons.
--Non, grand-papa, car tout est la, dans cette estime, dans cette amitie
reciproques que vous eprouviez l'un pour l'autre. Un seul obstacle
pouvait s'opposer a notre mariage; celui-la meme que tu avais entrepris
d'aplanir. Comme Ri... comme M. de Gardilane ne connaissait pas tes
intentions, il y avait danger qu'il ne t'ecoutat pas, ainsi qu'il l'eut
fait, s'il les avait connues et qu'alors tu renoncasses a ton projet de
mariage, et nous nous aimions, grand-papa; il m'aimait, je l'aimais.
Alors la pensee me vint de prevenir ce danger. J'ecrivis a M. de
Gardilane...
--Tu as ecrit!
--Deux lignes, pour lui dire que je le priais de se trouver aujourd'hui,
a trois heures, dans les ruines. Il est venu a ce rendez-vous, et la je
lui ai explique que j'etais decidee a me marier, pour toi d'abord, pour
assurer ton repos, pour te rendre la sante, pour que tu vives heureux
et tranquille, sans inquietudes sur mon avenir,--ensuite pour moi-meme
parce que j'aimais un honnete homme qui me respectait assez pour ne
m'avoir jamais dit un mot d'amour.
--Oh! mon Dieu! mon Dieu! s'ecria M. de la Roche-Odon.
Puis, apres un moment de silence, il fit signe a Berengere de continuer.
--Je n'ai rien de plus a te dire, grand-papa.
--Rien?
--Rien.
M. de la Roche-Odon voulut la regarder, en plongeant dans ses yeux,
comme il le faisait souvent mais il n'en eut pas la force, et il
detourna la tete.
--Et ce mariage? demanda-t-il.
--J'ai dit a Richard que maintenant qu'il connaissait mes sentiments,
c'etait a lui d'agir en consequence, loyalement, franchement, dans la
droiture de sa conscience. A ce moment, nous avons ete interrompu par
Cornu, qui me cherchait, et nous n'en avons pas dit davantage.
Elle se tut, et, pendant plus d'un grand quart d'heure, eternel pour
elle, elle vit son grand-pere marcher en long et en large dans le salon;
de temps en temps il la regardait mais presque aussitot il detournait la
tete comme s'il avait peur de rencontrer ses yeux.
Enfin il s'arreta devant elle:
--Je te prie de monter a ta chambre, dit-il. Demain nous reprendrons cet
entretien; pour aujourd'hui, j'ai besoin de me remettre et de reflechir
a tete posee,--si cela est possible.
XXXI
Ce ne fut point avec Berengere que M. de la Roche-Odon continua cet
entretien. Ce fut avec le capitaine de Gardilane.
Le lendemain matin, apres une nuit d'ins
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