comtesse, ou tout au moins elle la
tiendrait a un moment donne, lorsque par de longs detours elle l'aurait
circonvenue et enveloppee.
Ce n'etait plus qu'une affaire de temps.
Et a la pensee de prendre ces chemins detournes, au lieu de risquer une
attaque directe, dans laquelle elle aurait du s'exposer personnellement,
elle se sentait pleine d'esperance.
Ce qu'il y avait a faire etait la simplicite meme: il s'agissait tout
bonnement d'amener la rupture entre la vicomtesse et lord Harley par
l'intervention de la maitresse de Cerda.
Cette femme aimait Cerda; si on lui prouvait que son amant la trompait
avec la vicomtesse et surtout qu'il aimait celle-ci, elle voudrait sans
doute se venger.
Alors les choses etant amenees a ce point, il n'y aurait qu'a les
diriger de facon a ce que cette vengeance fut telle, qu'une rupture
entre la vicomtesse et lord Harley en resultat fatalement.
Si cela etait simple de conception, au moins pour madame Pretavoine, il
semblait au premier examen que l'execution devait presenter de serieuses
difficultes:
En effet, madame Pretavoine ne connaissait pas cette Transteverine.
Elle ne savait meme pas quel etait son nom.
Elle ignorait quel etait son caractere, quelle etait sa vie.
Et tout cela reuni formait bien des inconnues.
Mais elle savait que Cerda l'aimait et qu'elle aimait Cerda.
Pour le moment c'etait assez, car avec les gens passionnes il y a
toujours des ressources, ce sont des instruments sur lesquels on peut
compter; une fois qu'on les a mis en mouvement, ils agissent tout seuls.
Or, c'etait la pour madame Pretavoine un point capital; il fallait que
cette Transteverine vint disputer son amant a madame de la Roche-Odon,
sans que celle-ci put jamais soupconner d'ou venait le coup qui la
frappait.
Dans son plan primitif, c'etait meme cette difficulte qui avait le plus
serieusement inquiete madame Pretavoine; comment obtenir de mademoiselle
Emma les renseignements indispensables a la rupture, sans que cette fine
mouche, la rupture accomplie, se doutat du role qu'on lui avait fait
jouer et avertit la vicomtesse? Que cela se realisat et c'en etait
fait des projets de mariage d'Aurelien; jamais madame de la Roche-Odon
n'accorderait sa fille au fils de celle qui lui avait enleve son amant.
Si, au contraire, on pouvait faire porter ce coup par cette femme du
Transtevere, il y avait de grandes probabilites pour que ni Emma, ni
madame de la Roche-Odon ne decouvrissen
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