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Comment celle-ci se serait-elle defiee d'une excellente personne qui ne
pensait qu'a assurer le bonheur de sa maitresse?
Il etait assez probable qu'elle refuserait de coudre les saintes
medailles dans les robes de sa maitresse, mais madame Pretavoine
comptait bien sur ce refus, car ayant vraiment foi dans la vertu de ses
medailles, elle eut ete fort inquiete de savoir la vicomtesse sous leur
protection.
Ce qu'elle avait voulu, c'etait de pouvoir dire a mademoiselle
Emma, sans que celle-ci l'interrompit ou se fachat, qu'elle savait
parfaitement que madame de la Roche-Odon etait la maitresse de lord
Harley et qu'elle aimait le chanteur Cerda, parce que, cela dit, elle
pourrait revenir sur ce sujet et tirer de la femme de chambre, sans que
celle-ci eut des soupcons, des renseignements utiles au succes de son
plan et meme a la disposition de ce plan.
Car ce qu'elle savait se bornait a fort peu de chose: a la double
liaison de la vicomtesse. Mais cela n'etait qu'un fait. Pour tirer
parti de ce fait, pour l'exploiter utilement, il importait de le bien
connaitre dans tous ses details. Or personne ne pouvait mieux la
renseigner, l'instruire et la guider que la confidente obligee de madame
de la Roche-Odon, c'est-a-dire sa femme de chambre.
Ce qu'elle avait prevu se realisa; Emma refusa les medailles, mais elle
ne refusa pas de parler de choses qu'elle avait connues.
Elle parla meme beaucoup, sinon de sa maitresse, pendant les premiers
jours qui suivirent cette offre des medailles, au moins de Cerda,
qu'elle haissait.
Mademoiselle Emma etait une personne de manieres distinguees et de gouts
aristocratiques, qui n'etait restee femme de chambre que parce qu'elle
n'avait pas trouve un mari occupant une situation digne de ses merites.
Cerda etait un ancien garcon d'auberge qu'une belle voix avait fait
tenor, et qu'une large poitrine, des reins vigoureux, une encolure de
taureau qu'on ne rencontre pas souvent chez les tenors, et une sante
que n'affectaient aucune fatigue ni aucun exces, avaient mis a la mode
aupres d'un certain public.
Mais, malgre ses succes, Cerda etait reste garcon d'auberge; pourquoi
aurait-il change, on l'aimait ainsi; garcon d'auberge pour les manieres,
pour les gouts, pour l'education.
La premiere fois qu'il etait venu chez madame de la Roche-Odon, il avait
ete recu par Emma qui, discretement, obeissant aux instructions qu'elle
avait recues, lui avait ouvert la porte.
Mais Cerda n'all
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