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lle ne sera jamais votre femme, et en attendant cette conversion vous ne mettrez pas les pieds chez moi; a vous de voir si vous etes presse de vous marier." C'etait a peu pres ainsi qu'il avait procede avec son fils lorsque celui-ci etait venu lui annoncer qu'il desirait epouser la princesse Sobolewska. Mais c'etait precisement la fermete qu'il avait eue en cette occasion qui faisait sa faiblesse maintenant; il avait recu de la passion une terrible lecon qu'il n'avait point oubliee. Berengere venait de prouver que le sang de son pere coulait dans ses veines; que ferait-elle s'il s'opposait fermement a son amour? A la pensee de la voir malheureuse, desesperee, malade peut-etre, son coeur s'amollissait. Il n'en venait pas, il est vrai, jusqu'a se dire qu'il donnerait sa fille a un homme qui n'etait pas catholique; mais enfin il se disait que si cet homme n'avait pas la foi en ce moment, il n'y avait aucune impossibilite a ce qu'il l'eut plus tard. Pourquoi l'amour ne ferait-il pas ce miracle? La ou il n'avait pas reussi, lui, par insuffisance sans doute, pourquoi Berengere ne reussirait-elle pas? Dans les nombreux entretiens qu'il avait eus avec le capitaine, rien ne lui avait absolument demontre que ce succes etait impossible. Le capitaine s'etait toujours defendu, mais par des arguments qui, aux yeux du comte, n'avaient aucune valeur. La foi d'ailleurs n'etait-elle pas plutot un elan du coeur qu'un resultat de savants raisonnements? Ce coeur echauffe par la tendresse ne s'ouvrirait-il pas a la voix de la femme aimee? Que cela se realisat, c'etait non-seulement le bonheur et la securite de sa fille qu'il assurait par ce mariage, mais c'etait encore le salut de ce brave jeune homme, pour lequel il eprouvait une si vive amitie. Dans ces conditions, il ne fallait donc pas se decider brusquement; la raison disait qu'il fallait au contraire attendre, voir venir les choses, les etudier, les peser et, dans une situation mauvaise, naviguer de maniere a eviter le pire; incontestablement il y avait des dangers a laisser Berengere et le capitaine se voir chaque semaine, mais n'y en aurait-il pas de plus grands encore a les empecher de se voir completement? La demarche a laquelle Berengere s'etait laisse entrainer montrait bien qu'il ne s'agissait pas d'un caprice plus ou moins leger; c'etait la passion qui l'avait poussee, et avec la passion tout est possible, meme l'impossible. Ces deux journees avaient ete terrible
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