ne.
--Tu as besoin a Conde?
--Oui, chez les demoiselles Ledoux pour mon filleul, et comme miss
Armagh m'assassine toujours d'observations quand je veux acheter quelque
chose pour Richard, il me serait agreable de faire une fois dans ma vie
mes acquisitions tranquillement, librement, et avec toi je suis
assuree d'avoir cette liberte. Tu me laisseras choisir sans me parler
d'economie, de modestie, de convenances, de position mediocre, etc.,
etc.
--Mais j'ai besoin d'aller chez le capitaine; je lui ai fixe un
rendez-vous.
--Liberte pour liberte; tu me laisseras libre chez les demoiselles
Ledoux, je te laisserai libre chez le capitaine; si vous avez a vous
entretenir de choses serieuses, je me promenerai dans le jardin.
M. de la Roche-Odon ne savait rien refuser a sa fille.
--Partons, dit-il.
Et par l'avenue de chenes ils gagnerent la grande route.
--Sais-tu que je suis, jusqu'a un certain point, peu satisfait de te
conduire chez M. de Gardilane, dit le comte; tu as ete si bizarre avec
lui hier, que je me demandais si vous etiez en querelle.
--Si j'ai ete bizarre avec M. de Gardilane, je l'ai ete avec tout le
monde, il me semble.
--Cela est tres-vrai: qu'avais-tu donc?
--J'etais nerveuse.
--Eh bien, ma chere mignonne, laisse-moi te dire qu'il ne faut pas
s'abandonner ainsi a ses nerfs, car alors il arrive fatalement qu'au
lieu de nous obeir comme cela se doit, c'est nous qui leur obeissons et
qui devenons leurs esclaves; cela n'est pas d'une jeune fille de ton
age.
--Tu as raison, grand-papa, et je t'assure que je n'ai pas attendu ton
observation pour me dire que j'avais ete parfaitement ridicule.
--Ridicule?
--Si, grand-papa, je l'ai ete, je te soutiens que je l'ai ete, et je
veux m'en excuser aupres de M. de Gardilane.
--Ne va pas d'un exces a l'autre, je te prie.
--Sois tranquille, je ne veux pas lui faire de plates excuses; j'ai ete
desagreable avec lui hier, je veux etre aimable aujourd'hui, voila tout.
--Bien, mon enfant; il faut toujours savoir reparer sa faute.
Ils ne tarderent pas a arriver a l'entree de la ville.
--Et par ou commencons-nous nos visites? demanda le comte.
--N'as-tu pas rendez-vous avec M. de Gardilane?
--Oui.
--Eh bien! il ne faut pas le faire attendre; nous irons chez les
demoiselles Ledoux en sortant de chez lui; d'ailleurs, j'avoue que j'ai
hate de reparer ma faute.
Ils trouverent le capitaine dans son cabinet, ne travaillant pas, mais
se
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