. Il denonce avec un ton de derision qui semble en avance de six
siecles les recettes cachees, les remedes et les ruses dont se servent
les nouveaux saints pour conjurer les maux de pretendus infirmes, et
raconte jusqu'a un complot que Norbert aurait forme avec une mendiante
pour tromper la credulite des fideles[218]. Qu'on s'etonne ensuite
qu'il y eut contre lui dans le clerge des haines bien plus vives que ne
semblait le meriter la hardiesse moderee et chretiennement respectueuse
de ses nouveautes dogmatiques.
[Note 215: _Ab. Op_., ep. VIII, p. 193 et 195. Pars. II de S.
Susanna sermo XVIII, p. 935. De S. Joanne Bapt. sermo XXXI, p. 953, 958,
etc.--_Theolog. Christ_., l. II. p. 1215, 1235, 1240.]
[Note 216: _Ab. Op_., pars. II, ep. III, p. 228.]
[Note 217: _Ethic. seu Scito te ipsum_, c. XVIII, XXV et XXVI.]
[Note 218: _Ab. Op._, de S. Joan B. serm. XXXI, p. 867.--Les
miracles de saint Norbert remplissent sa biographie. Cependant le plus
ancien recit ne parle point de morts ressuscites; l'auteur, comme le
remarquent les panegyristes plus modernes, n'ayant voulu, a cause de
l'endurcissement de certains infideles, raconter que des faits connus et
avoues de tous. Le jesuite Daniel Papebroke parait le regretter dans
ses notes de la Vie des Saints; d'autres plus hardis ont conclu d'une
peinture qu'on voyait dans une eglise de Nancy que Norbert avait
ressuscite trois hommes, et le premontre Hugo qui a ecrit sa vie en 1704
n'hesite pas a raconter ce miracle qui aurait precede de tres-peu la
mort meme du saint. Est-ce de ce miracle qu'Abelard s'est moque et qu'il
dit: "Mirati fuimus et risimus?" Quant a ce Farsit, qu'il associe a
Norbert et que Papebroke prend pour: "Fursitus, convitium potius
quam nomen," ce doit etre Hugues Farsit (Hue li Farsis), chanoine de
Saint-Jean-des-Vignes a Soissons, lequel suivait les miracles qui de
1128 a 1132 s'operaient dans l'eglise de Notre-Dame de cette ville. Il a
ecrit de grandes louanges de saint Norbert, et pretend avoir assiste
a soixante-quinze miracles dont se moque Racine le fils. (_Biblioth.
praemonstr. ordin. S. Norb. vit._, p. 365.--_Acta sanctor. Junii_, t. I,
p. 816 et 861.--_Vie de saint Norbert_, par Hugo, l. IV, p. 834.--_Hist.
litt._, t. XI, p. 620, et t. XII, p. 115, 294 et 711.--_Mem. de l'Acad.
des inscript._, t. XVIII, p. 847.)]
Quant a saint Bernard, Abelard semble l'avoir plus menage; et, si ce
n'est dans une ligne de l'histoire de ses malheurs ou il l'attaqu
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