er, traduit de l'Allemand par M. Vial, l. II, p. 110 et suiv.
Voyez aussi le c. XVII de _l'Histoire de saint Bernard_, par M. l'abbe
Ratisbonne, t. II, p. 1 et suiv.]
L'esprit de ses doctrines, ou, comme on dirait aujourd'hui, leur
tendance, n'etait pas la seule cause, de l'animadversion de l'Eglise
contre lui. Son caractere personnel avait certainement beaucoup aggrave
l'effet de ses opinions, et notre recit l'a du prouver. Ce qu'il
lui fallut souffrir a differentes epoques l'avait irrite contre ses
superieurs ecclesiastiques, et, sans concevoir la pensee de faire
schisme dans l'Eglise, il s'etait livre plus d'une fois a de
vives attaques contre plusieurs des autorites ou des corps qui la
constituaient. Nous l'avons vu se plaindre de l'eveque de Paris et de
ses chanoines, de l'abbe de Saint-Denis et de ses religieux; savant,
difficile et chagrin, il ne contenait pas l'expression blessante de son
mepris pour l'ignorance, de son ressentiment contre l'injustice, de sa
severite envers le desordre, et ce chanoine si peu sage, ce moine si
peu cloitre, ce pretre si independant de toute regle, s'etait erige en
censeur amer et vehement du clerge. Dans plusieurs de ses ouvrages,
il eclate contre les moines, et non pas seulement contre ceux de
Saint-Denis ou de Saint-Gildas. L'ignorance ou les vices des couvents
en general sont l'objet de ses invectives[215]. Si une fois il parait
defendre les moines, c'est pour leur immoler les chanoines reguliers, et
sans doute pour attaquer indirectement, soit l'abbaye de Saint-Victor ou
respirait un esprit oppose au sien, soit plutot saint Norbert qui avait,
a la reforme et a la propagation de la constitution canonicale de la
vie religieuse, attache ses soins et sa gloire[216]. Les eveques ne
s'etaient point soustraits a sa temeraire critique. En leur reprochant
positivement de ne point savoir les lois et les regles de l'Eglise, il
essayait, dans un de ses plus graves ecrits, de limiter dans leurs mains
ce qu'on appelle le pouvoir des clefs, et, en denoncant la cupidite d'un
grand nombre, il avait devance la reformation par ses attaques contre le
trafic des indulgences[217]. Nous ne connaissons pas de satire plus vive
contre le clerge que le plus important de ses sermons, celui pour
la fete de saint Jean-Baptiste. C'est la qu'il a l'audace d'accuser
formellement saint Norbert d'avoir essaye de frauduleux miracles, et
travaille, de connivence avec Farsit, _son coapotre_, a ressusciter un
mort
|