ait plus depuis
longtemps deja, et ou la dialectique n'etait pas en grande faveur aupres
de ceux qui veillaient au gouvernement des esprits. Un ecrit plus court,
mais plus precieux, parce qu'il parait beaucoup plus original, est un
traite peu etendu _Sur les genres et les especes_, monument le plus
certain et le plus interessant qui nous reste de la partie systematique
des opinions d'Abelard. Si le conceptualisme est quelque part, il est
la. On en retrouve l'esprit dans un petit traite sur les idees, reste
longtemps inconnu (_De intellectibus_). Parmi ses ecrits theologiques,
le plus important parait etre celui qui fut brule a Soissons, ou, selon
nous, l'_Introduction a la theologie_. On cite aussi un recueil de
textes des Ecritures et des Peres reunis methodiquement et qui expriment
le pour et le contre sur presque tous les points de la science sacree,
ouvrage singulier qui s'appelait _le Oui et le Non (Sic et Non)_, et qui
ne fut peut-etre pas publie par son auteur. On se tromperait cependant,
si l'on y cherchait un recueil d'antinomies destine a etablir le doute
en matiere de religion; c'est un ouvrage consacre a la controverse
plutot qu'au scepticisme. Les opinions exposees dans l'_Introduction_
ont ete de nouveau presentees et completees dans un grand _Commentaire
de l'epitre aux Romains_, et dans la _Theologie chretienne_, qui
reproduit et developpe la matiere du premier ouvrage avec quelques
remaniements et quelques amendements. Enfin, la morale theologique
d'Abelard est exposee sous ce titre: _Connais-toi toi-meme (Scito
te Ipsum)_. On lui attribue egalement une demonstration en forme
de dialogue de la verite du christianisme contre le judaisme et la
philosophie incredule. Nous ne pensons pas nous tromper en disant que la
plupart de ces traites[209] ne recurent la derniere main qu'a une epoque
assez avancee de sa vie, quoiqu'ils contiennent des opinions de sa
jeunesse, et qu'ils doivent abonder en raisonnements, en exemples, en
expressions cent fois employes dans ses ecrits de tous les temps et dans
les improvisations de son enseignement oral. L'analogie des idees et des
citations, l'identite des formes et du style, sont remarquables dans
presque tous ces ouvrages. On retrouve sans cesse dans ses lettres des
pensees qui rappellent sa philosophie ou sa theologie, et chose plus
interessante encore, les lettres d'Heloise sont semees de maximes
empruntees aux theories du maitre de son esprit et de son coeur.
Tout a
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