remarquable travail de M. Poincare, intitule: _La
Science et l'Hypothese._ Il y est demontre que ni les mathematiques,
ni les sciences physiques ou chimiques, ne pourraient exister si elles
n'avaient pour point de depart des hypotheses. "Il y a, dit M. Poincare,
plusieurs sortes d'hypotheses: les unes sont verifiables, et, une fois
confirmees par l'experience, deviennent des verites fecondes; les
autres, sans pouvoir nous induire en erreur, peuvent nous etre utiles en
fixant notre pensee; d'autres enfin (comme le _postulatum_ d'Euclide) ne
sont des hypotheses qu'en apparence, et se reduisent a des definitions
et a des conventions deguisees". Plus encore que les sciences dites
exactes, les etudes biologiques ont besoin du secours de l'hypothese,
car c'est d'elles que l'on peut surtout dire que "nous n'y savons le
tout de rien."
Sans avoir aucunement la pretention de bouleverser les sciences
biologiques, mais simplement pour m'aider a fixer ma pensee, je
demanderai, a mon tour, qu'on m'accorde une sorte de _postulatum_, qui
nous aidera a nous rendre compte de la plupart des phenomenes de la
biologie et de la pathologie.
Voici ce _postulatum_:
Je supposerai que chaque etre, en naissant, recoit un certain capital
d'energie vitale, de la valeur et de l'emploi duquel dependront et
sa sante, et sa longevite: un capital donnant des interets variables
suivant chaque individu et suivant chaque periode de la vie. J'ajouterai
que ce capital peut etre, a toute periode de la vie, amoindri par une
cause accidentelle, et que les interets qu'il produit sont egalement
variables aux diverses periodes de la vie.
Or, cette hypothese etant accordee, l'objet du present travail sera
d'etudier, d'un bout a l'autre de la vie, la meilleure maniere de faire
valoir ce capital, et de le defendre contre les influences qui ne
cessent pas de le menacer. Ces influences sont ce qu'on appelle les
"causes morbigenes", et leurs assauts sont ce qu'on appelle les
"maladies".
L'homme malade est donc, dans notre hypothese, celui qui vient de subir
une de ces diminutions de son capital biologique: d'ou il resulte que,
avant d'etudier le malade, et les causes morbigenes, nous devons d'abord
envisager le capital initial, et les causes qui en font varier la
valeur.
Considere au point de vue theorique, c'est-a-dire en negligeant les
influences qui peuvent le faire accidentellement diminuer, le capital
initial est comparable a la force qui lance un proj
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