t qu'une serie
d'inquietudes. Qu'a ce surmenage incessant viennent s'ajouter des
chagrins de famille, etc., voici notre homme qui, tout d'un coup,
tombe dans la "maladie". Le moindre pretexte suffit pour amener le
declanchement: c'est une emotion un peu violente, c'est une perte
d'argent, c'est une "maladie" infectieuse plus ou moins legere, qui
ouvre la breche, et voila la "maladie" installee!
Cet homme aurait-il pu eviter le cataclysme? A-t-il eu, depuis dix ans
qu'il surmene son cerveau, un avertissement quelconque lui indiquant
qu'il depasse les limites de son elasticite, et qu'il puise a pleines
mains dans un capital insuffisamment repare chaque jour? Oui, le plus
souvent! C'est, par exemple, un vertige qui est apparu, a un moment
donne. Si cet homme avait tenu compte de ce qu'on pourrait appeler "un
avertissement sans frais", il aurait immediatement diminue le travail,
ou meme l'aurait suspendu pendant quelques jours. Mais il n'en a pas
tenu compte, il a pense que _ca passerait_. D'autres fois, c'est une
sorte d'endolorissement de la tete, non pas passager, mais permanent,
qui constitue l'avertissement, avec bourdonnements de l'oreille gauche.
(Cette predominance des bourdonnements a gauche, de la diminution de
l'acuite auditive a gauche, se rencontre a toutes les phases de la
"maladie".) D'autres fois encore, c'est une sorte de sensation
de fatigue permanente, exageree surtout le matin, avec diminution
d'appetit, constipation, autrement dit avec les petits symptomes de
la grande "maladie". Il est tout a fait exceptionnel que le krach se
produise sans de tels phenomenes premonitoires. Cela arrive, cependant,
et c'est chez les natures les plus admirablement douees en apparence.
Quand le sujet est soumis a un surmenage intellectuel et musculaire a
la fois, il realise les conditions les plus parfaites pour arriver a
l'epuisement rapide; aussi ne saurait-on protester trop energiquement
contre le prejuge des gens du monde, qui se figurent que l'exercice
musculaire repose du travail cerebral, et que le surmene cerebral doit,
pour bien se porter, faire de l'exercice, de la bicyclette, de la marche
forcee, a ses moments disponibles. C'est la une erreur enorme dont
la pedagogie commence a faire justice. Certes il est des hommes,
admirablement doues, qui peuvent supporter une depense considerable a
la fois au point de vue musculaire et au point de vue cerebral: mais ce
qu'il faut bien se rappeler, c'est que, des que surv
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