iennent les premiers
symptomes du surmenage, on doit aussitot reduire la depense totale, et
la depense musculaire en particulier; a ce prix seulement on aura chance
d'echapper aux griffes, toujours pretes a s'abattre sur nous, de la
"maladie".
CHAPITRE II
CARACTERES GENERAUX DE LA "MALADIE"
Plusieurs fois deja, dans le cours de ce travail, j'ai eu l'occasion de
parler de la "maladie", sans preciser le sens exact que je donnais
a ce mot. Mais le moment est venu de tenter, sinon une definition
scientifique de la "maladie",--definition aussi impossible que celles,
par exemple, de la richesse, de la vertu, ou de la beaute,--tout au
moins une explication sommaire de ce qu'est, a mes yeux, cette chose
indefinissable; des principaux caracteres qui lui sont propres; et des
traits qui la distinguent de ces manifestations pathologiques bien
determinees que l'on appelle communement les "maladies", et que
j'appellerais volontiers des "accidents", par opposition a la nature
plus generale, plus profonde, et infiniment plus complexe, de la
"maladie".
Voici quatre personnes qui, dans une meme apres-midi, se presentent a ma
consultation. Ce sont quatre malades: il ne faut pas etre grand clerc
pour l'affirmer _a priori_. Mais voyons ce que nous enseignera l'etude
detaillee, et surtout reflechie, de chacune de ces quatre personnes, qui
paraissent se ressembler aussi peu que possible, et n'avoir l'une avec
l'autre absolument rien de commun. L'une est grande et forte, l'autre
petite et malingre; l'une est obese, l'autre d'une maigreur inquietante.
Les souffrances que chacune accuse sonttout a fait differentes, de
l'une a l'autre; les causes qui ont paru engendrer ces souffrances
semblent opposees: chez l'une l'exces de fatigue, chez une autre
l'exces d'oisivete, etc.
Essayons a present d'approfondir un peu notre investigation. Ah! ce
n'est pas un mince travail que d'etudier un malade, de fouiller son
heredite, de le suivre depuis le jour de sa naissance, voire meme de sa
conception, de noter tous les incidents pathologiques de son enfance, de
sa jeunesse, de son adolescence, d'apprecier son degre de sante pendant
les periodes qui ont separe ces divers incidents, de se reconnaitre au
milieu du luxe de details avec lequel il decrit ses miseres, en un mot
de reconstituer a la fois le bilan complet de son etat present et le
tableau du chemin qu'il a suivi pour y parvenir. Mais cette etude
meticuleuse est necessaire; sans ell
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