roubles du coeur atteignent une intensite extreme et defient
tous les traitements classiques (digitale, sparteine, bromures, etc.).
Desirant me voir avant de mourir, le malade me fit appeler le 28 avril
1898, et me raconta les soucis qui l'avaient accable. Ces soucis
etaient, sans aucun doute, l'unique cause de la "maladie": une
psychotherapie prolongee, et accompagnee d'un regime alimentaire tres
modere, reussit parfaitement a remettre le malade sur pied. Les deux
annees qui suivirent furent meme excellentes.
En 1901, une petite grippe suffit pour ramener le trouble cardiaque,
avec meme, cette fois, un pouls bi-gemine. Mais une saison a Vichy, sous
la direction du Dr Lagrange, produit un tres bon resultat. En 1903, ni
le Dr Lagrange, ni moi, ne percevons plus le souffle coutumier.
Mais voici qu'en 1904, a la suite d'une nouvelle emotion, reparaissent
l'arythmie, le souffle, la glycosurie: de nouveau, une saison a Vichy
supprime tout cela.
En avril 1905, enfin, a la suite de nouvelles contrarietes,
l'ebranlement du systeme nerveux se traduit par un lumbago, mais surtout
par une anesthesie de la main et de la joue droites, qui effraie
beaucoup le malade. Je le rassure encore, je le renvoie a Vichy, d'ou il
revient en parfait etat, toujours jeune, malgre ses cinquante-deux ans,
toujours avec une activite devorante.
C'est que ce pretendu cardiaque, comme les deux malades precedents, est
simplement un "malade", avec cette particularite que c'est sur le
coeur que se portent de preference, chez lui, les plus importantes
manifestations de la "maladie".
Dans les trois observations que je viens de citer, c'etait tel ou tel
departement du systeme nerveux qui manifestait plus specialement les
souffrances de l'etre entier, et les periodes de malaise etaient
separees par des periodes de sante, tout au moins relative. Voici
maintenant un cas ou tous les elements du systeme nerveux sont tellement
excites que la "maladie" revet les formes les plus diverses, et sans
qu'il y ait eu, pour ainsi dire, un seul jour de remission, depuis
l'epoque ou le systeme nerveux a ete ebranle,--c'est-a-dire depuis l'age
de huit ans,--jusqu'a l'age de la cessation des regles. La malade dont
je vais parler a ete vraiment, pendant plus de trente ans, un parfait
musee pathologique. Mais, malgre mille miseres qui se succedaient chez
elle comme les figures d'un kaleidoscope, je n'ai jamais desespere de sa
survie, ni de sa guerison, a cause meme de
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