e, pas de diagnostic possible, pas
de traitement rationnel; d'elle seule pourra resulter la connaissance
veritable du malade, c'est-a-dire l'appreciation de ce qu'il vaut, du
point precis ou il en est dans son evolution. Et j'ajoute que ce n'est
que lorsqu'on a etudie ainsi des centaines et des centaines de malades
que l'on commence a avoir une idee nette de ce que c'est que la
"maladie".
Voici donc une premiere malade, que je connais depuis cinq ans. C'est
une femme de trente-deux ans, dont on devine des le premier abord la
vivacite d'intelligence, et avec laquelle le medecin comprend tout de
suite,--a sa grande satisfaction,--qu'il va pouvoir causer utilement.
L'enquete m'apprend qu'elle a eu un capital initial excellent: un
grand-pere paternel mort a soixante-quinze ans, asthmatique, la
grand'mere paternelle morte a quatre-vingt-quatre ans. Du cote de
l'heredite maternelle, il n'y a pas non plus de tares transmissibles:
le grand-pere mort a soixante-quinze ans, la grand'mere vivant encore a
quatre-vingt-deux ans. Il est vrai que l'heredite directe est peut-etre
un peu moins parfaite. Le pere de Mme X... est mort a cinquante-deux
ans, d'une affection cerebrale, apres avoir toujours ete tres nerveux.
La mere, d'autre part, un peu delicate, continue a se bien porter, a la
condition de s'ecouter vivre.
Ce capital initial a ete bien gere pendant les premieres annees de la
vie. Nourrie au sein, Mme X... a pu supporter sans dommage appreciable
divers assauts, tels que la coqueluche, la rougeole, la varicelle.
A huit ans, cependant, s'est produit un episode plus important: une
jaunisse, qui a dure un mois, et qui semble indiquer que le systeme
digestif etait, chez cette malade, le point faible. Un medecin avise,
qui l'aurait suivie de pres depuis lors, n'aurait pas manque de
remarquer qu'elle etait, si l'on peut dire, une candidate a la
dyspepsie.
Toutefois, jusqu'a l'age de vingt-six ans, Mme X... n'eut aucun
phenomene grave, d'origine stomacale ou intestinale: mais elle avait
de petits symptomes, un manque d'appetit entremele de fringales, de la
constipation, etc... Et, malheureusement pour elle, ces petits symptomes
ont passe inapercus. L'enfant a ete soumise, dans un couvent, a
l'alimentation des autres pensionnaires; elle a mange vite, par
consequent mange mal; bref, rien n'a ete fait pour mettre en bon
etat son systeme nerveux abdominal, qui, sans protestations graves,
fonctionnait deja d'une facon defectueuse
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