ives de diarrhee et de constipation.
L'examen des organes me demontra qu'il n'y avait rien a la poitrine,
mais qu'au coeur existait un souffle, au premier temps, a la base,
perceptible seulement dans la position horizontale; ventre plat, peu
elastique, sonorite basse et egale. La malade, qui pesait 50 kilogrammes
a dix-huit ans, n'en pesait plus que 46.
Voila donc une jeune femme qui a toutes les apparences exterieures d'une
personne tres souffrante, et dont la vie est empoisonnee par une serie
ininterrompue de miseres variees. Et cependant l'histoire meme de ces
miseres prouve qu'il n'y a point chez elle d'organe particulierement
atteint, et que le capital biologique est, au fond, moins mauvais qu'il
ne parait l'etre. Mon premier soin fut de la rassurer, notamment sur
l'etat de son coeur, sur lequel un confrere un peu imprudent l'avait
fort inquietee. Je m'efforcai ensuite de lui refaire un estomac, par
un regime severe, puis de plus en plus large. Je dirigeai son hygiene
musculaire, intellectuelle et morale. Et ainsi, apres deux ans ou je
m'etais borne, en somme, a faciliter le retour a l'equilibre du systeme
nerveux, Mme X... se vit delivree de la plupart de ses maux, et ramenee
enfin a une vie des plus supportables.
Qu'avait-elle donc au juste? me demandera-t-on Elle avait, sous une
forme speciale, ou plutot sous plusieurs formes, ce que j'appelle la
"maladie". Sous toutes ces miseres, c'etait le systeme nerveux qui, chez
elle, flechissait. Tout son systeme nerveux etait malade, et chacun de
ses centres, tour a tour, avait accuse le contre-coup de la depreciation
de l'ensemble. Au moment ou j'ai vu la malade, le centre le plus atteint
etait celui qui preside aux fonctions digestives; mais, si je m'etais
limite a ne soigner que celui-la, toute ma peine aurait risque d'etre
perdue. Il fallait, derriere les symptomes locaux, atteindre le trouble
general; il fallait depasser les incidents pour parer a la "maladie".
Voici maintenant une autre malade, Mlle T..., chez qui les
manifestations morbides n'ont certainement rien de commun avec celles
que je viens de signaler chez Mme X... C'est une jeune fille qui,
lorsque je l'ai vue d'abord, en janvier 1901, avait progressivement
maigri, en six mois, de 50 a 41 kilogrammes, sans autre cause
connaissable que certaines influences morales. Elle ne se plaignait de
rien, ne se sentait pas malade; et cependant elle l'etait, puisqu'elle
maigrissait sans cesse, puisqu'elle avai
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