e, ils en soupconnent a peine
l'importance.
La verite est que, quand un enfant a ete mal nourri loin de sa famille,
quand il revient de nourrice avec un gros ventre, on peut affirmer que,
toute sa vie, il sera un valetudinaire.
Quand, pour obeir aux injonctions d'un cenacle de gens incompetents,
ou quand, poussee par son medecin, qui veut mettre a l'abri sa
responsabilite, une mere consent a abandonner les doux devoirs de
la maternite et a confier a une nourrice l'enfant qu'elle aurait du
allaiter, quand a cette nourrice en succedent deux ou trois autres,
sous des pretextes quelconques, on doit tout craindre pour l'avenir de
l'enfant. Il sera, dans sa prime jeunesse, un etre insupportable, puis
un ecolier de quatrieme ordre, dans son adolescence un rate,
incapable de payer sa dette au pays; toute sa vie, un malheureux. Ces
considerations doivent etre presentes a l'esprit du clinicien qui, se
trouvant en face d'un malade quelconque, arrive a un age quelconque,
doit chercher a connaitre ce que vaut ce malade.
On comprend donc l'importance du probleme de l'alimentation dans la
premiere enfance. En principe, comme l'a bien dit M. Pinard, "le lait de
la mere appartient a l'enfant"; et "si l'on veut faire quelque chose
qui soit puissamment efficace et fructueux, il est necessaire, il est
indispensable de faire tout d'abord ce que demandait la Convention, et
ce qu'ont realise MM. Schneider au Creusot, il faut permettre a la
mere de donner ce qu'elle possede." (_Rapport_ du professeur Pinard a
l'Academie, juillet 1905.)
Mais si la mere ne peut absolument pas nourrir, il faut recourir
immediatement a l'alimentation artificielle, soit avec le lait sterilise
du commerce,--dont l'innocuite est quotidiennement demontree par les
resultats obtenus, a la Goutte de lait de Belleville, au dispensaire
tres habilement dirige par M. le Dr Variot,--soit encore avec le lait de
vache bien surveille, fraichement et proprement trait, sucre, plus ou
moins etendu d'eau, puis sterilise dans la famille, avec des appareils
Sosclet, ou mieux encore avec l'appareil "la Tutelaire".
C'est ce dernier appareil qui est utilise a cette "Goutte de lait"
de Saint-Pol-sur-Mer, qui pourrait servir de modele a toutes
les institutions du meme genre, a cause de la simplicite de son
organisation.
Fondee, en 1902, par M. Georges Vancauwenberghe, maire de
Saint-Pol-sur-Mer, a l'aide d'un subside de trente mille francs mis a
sa disposition par un autre ph
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