der par
tatonnements. J'ajouterai que, dans les cas graves ou le repos absolu
s'impose d'abord, rien n'est plus difficile que de doser l'exercice
des que la malade est capable de le supporter, mais le principe est de
rester en deca de ce que la malade peut donner.
Quand la "maladie" de la jeune fille est due au milieu familial, le
remede essentiel est de le lui faire quitter. Malheureusement, on attend
souvent trop longtemps pour prendre ce parti radical; on attend que la
vie soit devenue impossible, que la jeune fille ait perdu le sommeil,
les forces, l'appetit, et soit dans un etat d'excitation inquietant. On
l'isole alors dans une maison de sante ou d'hydrotherapie, ou on lui
impose le plus souvent, a notre avis, une sequestration trop radicale.
Car la priver de toute visite, de toute correspondance, la soumettre a
une discipline d'une severite exageree, nous semble vraiment excessif.
L'enfant se revolte, et ne tire de la cure d'isolement qu'un benefice
relativement restreint. Elle prend sur elle pour simuler la guerison, et
pour echapper a la tutelle des medecins; elle sort avec les apparences
de la sante; mais elle n'est pas guerie, et, comme elle retombe dans le
milieu familial hostile, la "maladie" ne tarde pas a renaitre de ses
cendres, jusqu'au jour ou une circonstance quelconque amene enfin un
changement de vie radical, qui la guerit.
Le mieux ne serait-il pas, quand c'est possible, d'eloigner l'enfant, de
temps a autre, du milieu familial, des qu'on s'apercoit que c'est lui
qui est l'ennemi, en la confiant soit a une parente intelligente, soit
meme a une garde bien choisie, jusqu'au moment ou on trouvera a la
marier, chose qu'il ne faudra faire qu'apres mure reflexion, mais qui,
dans bien des cas, est le remede par excellence? Pendant les absences de
la jeune fille, l'etat nerveux du milieu familial lui-meme se calme, ce
qui rend la vie commune acceptable par intermittences. Loin de nous,
cependant, l'idee de porter atteinte a l'esprit de famille en proposant
pareille mesure; nous ne la considerons que comme exceptionnelle et
comme un pis-aller, preferable souvent a la maison de sante, et, en
definitive, moins onereuse.
Chez les gens peu fortunes, on n'a pas la ressource de la separation,
meme momentanee. Heureusement, chez eux, les contacts entre parents et
enfants ne sont pas incessants. La jeune fille a toujours une certaine
independance; elle n'est pas soumise a une tyrannie de tous les
instants. En
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