ce des reserves, ou bien quand ces deux influences se
combinent; et le nombre de leurs combinaisons est incalculable.
La variete des causes morbigenes est elle-meme infinie; mais la nature
n'a qu'un nombre limite de moyens pour exprimer ses plaintes, de sorte
que les causes les plus variees peuvent se traduire par les memes
symptomes. Aussi accordons-nous relativement peu de valeur a l'etude
du symptome. Les symptomes s'associent de mille et une facons, pour
constituer autant deformes morbides differentes. Que dis-je? Il n'est
pas deux malades qui se ressemblent, Ce n'est que pour la facilite de
l'etude que les pathologistes ont cree des cadres posologiques; mais
on comprend assez que ces cadres devraient etre aussi elastiques
que possible. Le vrai medecin, apres s'en etre servi pour faire
d'excellentes etudes, ne craindra pas, dans la pratique, d'en faire
abstraction, de penser et d'agir comme si les cadres n'existaient
pas. Et un moment viendra meme, quand son experience clinique sera
suffisante, ou il aura tout interet a faire table rase des notions qu'il
a peniblement accumulees par un travail assidu et prolonge; tout comme
l'architecte, qui, une fois la construction terminee, fait enlever les
enormes echafaudages qui avaient ete necessaires a la construction de
l'edifice.
Certes, l'etude approfondie des symptomes morbides est indispensable au
clinicien, et l'on ne saurait apporter trop de soins a connaitre, dans
tous leurs details, les divers troubles de la sante. Mais il y a
un ecueil: c'est que, la theorie du moindre effort s'appliquant
naturellement a l'esprit humain, on a une tendance involontaire a
attribuer aux symptomes une influence pathologique qu'ils n'ont pas; en
d'autres termes, ce qui n'est en realite qu'une manifestation morbide
devient, trop aisement, dans l'esprit du medecin, la cause de la
"maladie".
Prenons comme exemple la constipation: ce n'est en realite qu'un
symptome, et qui peut se trouver chez une foule de malades differents.
Nous ne parlons pas, bien entendu, de ceux chez qui elle est d'origine
mecanique (cancer du rectum, de l'iliaque, etc.). Un mot cependant, en
passant, pour dire que le medecin a le tort de ne pas assez penser a ces
causes mecaniques, et de traiter par des moyens medicaux des malades
dont une intervention chirurgicale aurait pu prolonger la vie ou
attenuer les souffrances.
Mais chez les malades qui ne sont pas tributaires de la chirurgie,
n'est-il pas vrai que
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