ultes. L'autre, qui
etait conduite par nos soldats, se porta en avant et, s'excitant l'un
et l'autre, ils franchirent le plus heureusement possible l'endroit le
plus dangereux. Voyant cela, nous redoublames de coups sur les epaules
de nos Russes qui, craignant quelque chose de pire, s'elancerent en
criant: "_Houra!_"[18] et passerent au plus vite, non sans avoir senti
la chaleur, et couru de grands dangers, a cause qu'il se trouvait
differents meubles qui venaient de rouler dans la rue.
[Note 18: _Houra!_ qui veut dire: _En avant!_ (_Note de
l'auteur_)]
A peine la derniere voiture fut-elle passes, que nous traversames la
meme distance au pas de course: alors nous nous trouvames dans un
endroit qui formait quatre coins, et quatre rues larges et longues,
que nous apercevions tout en feu. Et quoique, pour le moment, il
tombat de l'eau en abondance, l'incendie n'en allait pas moins son
train, car a chaque instant l'on voyait des habitations et meme des
rues entieres disparaitre dans la fumee et dans les decombres.
Il fallait cependant avancer et gagner au plus vite l'endroit ou etait
le regiment, mais nous vimes avec peine que la chose etait
impraticable, et qu'il fallait attendre que toute la rue fut reduite
en cendres pour avoir un passage libre. Il fut decide de retourner sur
nos pas; c'est ce que nous fimes de suite. Arrives a l'endroit ou nous
avions passe, les Russes, cette fois, dans la crainte de recevoir une
correction, n'hesiterent pas a passer les premiers, mais, a peine
ont-ils parcouru la moitie de l'espace qu'il fallait pour arriver au
lieu de surete, et au moment ou nous allions les suivre dans ce
dangereux passage, qu'un bruit epouvantable se fait entendre: c'etait
le craquement des voutes et la chute des poutres brulantes et des
toits de fer qui croulaient sur la voiture. En un instant, tout fut
aneanti, jusqu'aux conducteurs que nous ne cherchames plus a revoir,
mais nous regrettames nos provisions, surtout nos oeufs.
Il me serait impossible de depeindre la situation critique ou nous
nous trouvions. Nous etions bloques par le feu et sans aucun moyen de
retraite. Heureusement pour nous qu'a l'endroit ou etaient les quatre
coins des rues, il se trouvait une distance assez grande pour etre a
l'abri des flammes, de maniere a pouvoir attendre qu'une rue fut
entierement brulee pour nous ouvrir un passage.
Pendant que nous attendions un moment propice pour nous echapper, nous
remarquames qu'une des mai
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