hose: nous fimes prendre
notre charge par un de nos hommes, et nous continuames a marcher;
mais, au bout d'un instant, nous fumes forces d'arreter, ayant des
obstacles a franchir.
La distance a parcourir pour atteindre une autre rue etait au moins de
trois cents pas; nous n'osions franchir cet espace, a cause des
cendres chaudes qui allaient nous aveugler. Pendant que nous etions a
deliberer, un de mes amis me propose de ne faire qu'une course; je
conseillai d'attendre encore; les autres etaient de mon avis, mais
celui qui m'avait fait cette proposition, voyant que nous etions
irresolus, et sans nous donner le temps de la reflexion, se mit a
crier: "Qui m'aime me suit!" Et il s'elance au pas de course; l'autre
le suit avec deux de nos hommes, et moi je reste avec celui qui avait
la charge, qui consistait encore en trois bouteilles de vin, cinq de
liqueurs, et des fruits confits.
Mais a peine ont-ils fait trente pas, que nous les vimes disparaitre a
nos yeux: le premier etait tombe de tout son long; celui qui l'avait
suivi le releva de suite. Les deux derniers s'etaient cache la figure
dans leurs mains, et avaient evite d'etre aveugles par les cendres,
comme le premier, qui n'y voyait plus, car c'etait par un tourbillon
de cette poussiere qu'ils avaient ete enveloppes. Le premier, ne
pouvant plus voir, criait et jurait comme un diable: les autres
etaient obliges de le conduire, mais ils ne purent le ramener, ni
revenir a l'endroit ou j'etais avec l'homme et la charge. Et moi, je
n'osais risquer de les joindre, car le passage devenait de plus en
plus dangereux. Il fallut attendre plus d'une heure, avant que je
pusse aller a eux. Pendant ce temps, celui qui etait devenu presque
aveugle, pour se laver les yeux, fut oblige d'uriner sur un mouchoir,
en attendant qu'il puisse se les laver avec le vin que nous avions:
provisoirement, avec l'homme qui etait reste avec moi, nous en vidames
une bouteille.
Lorsque nous fumes reunis, nous vimes qu'il y avait impossibilite
d'aller plus avant sans danger. Nous decidames de retourner sur nos
pas, mais, au moment de retourner, nous eumes l'idee de prendre chacun
une grande plaque en tole pour nous couvrir la tete en la tenant du
cote ou le vent, les flammes et les cendres venaient; nous en primes
donc chacun une. Apres les avoir ployees pour nous en servir comme
d'un bouclier, nous les appliquames sur nos epaules gauches, en les
tenant des deux mains, de maniere que nous avions l
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