font entendre leur tintement, a chaque mouvement
du pied. Les calzoneros ne sont point soutenus par des bretelles, mais
fixes autour de la taille par une ceinture ou une echarpe de soie
ecarlate. Cette ceinture fait plusieurs fois le tour du corps; elle se
noue par derriere, et les bouts franges pendent gracieusement pres de la
hanche gauche. Pas de gilet; une jaquette d'etoffe brune brodee, juste au
corps, courte par derriere, a la grecque, et laissant voir la chemise
elle-meme, a large collet, brodee sur le devant, temoigne de l'habilete
superieure de quelque _poblana_ a l'oeil noir. Le _sombrero_ a larges
bords projette son ombre sur tout cet ensemble; c'est un lourd chapeau en
cuir verni noir, garni d'une large bordure en galon d'argent. Des glands,
egalement en argent, tombent sur le cote et donnent a cette coiffure un
aspect tout particulier. Sur une epaule pend le pittoresque serape, a
moitie roule. Un baudrier et une gibeciere, une escopette sur laquelle la
main est appuyee, une ceinture de cuir garnie d'une paire de pistolets de
faible calibre, un long couteau espagnol suspendu obliquement sur la
hanche gauche, completent le costume que j'ai pris pour type de ma
description. A quelques menus details pres, tous les hommes qui composent
le groupe le plus rapproche de moi sont vetus de cette maniere.
Quelques-uns portent des _calzoneros_ de peau, avec un spencer ou
pourpoint de meme matiere, ferme par devant et par derriere. D'autres ont,
au lieu du serape en etoffe peinte, la couverture des Navajoes avec ses
larges raies noires. D'autres laissent pendre de leurs epaules la superbe
et gracieuse _manga_. La plupart sont chausses de mocassins; un petit
nombre, les plus pauvres, n'ont que le simple _guarache_, la sandale des
Asteques. La physionomie de ces hommes est sombre et sauvage; leurs
cheveux longs et roides sont noirs comme l'aile du corbeau; des barbes et
des moustaches incultes couvrent leurs visages; des yeux noirs feroces
brillent sous les larges bords de leurs chapeaux. Ils sont generalement
petits de taille; mais il y a dans leurs corps une souplesse qui denote la
vigueur et l'activite. Leurs membres, bien decouples, sont endurcis a la
fatigue et aux privations. Tous, ou presque tous, sont nes dans les fermes
du Mexique; habitant la frontiere, ils ont eu souvent a combattre les
Indiens. Ce sont des _ciboleros_, des _vaqueros_, des _rancheros_ et des
_monteros_, qui, a force de frequenter les montagnards,
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