s branches seches. Une apparition
brillante se montre au milieu du feuillage: une femme s'avance a travers
les arbres. C'est une jeune fille indienne dans un costume etrange et
pittoresque. Elle sort du fourre et marche resolument vers la foule.
L'etonnement et l'admiration se peignent dans tous les regards. Nous
examinons tous sa taille, sa figure et son singulier costume.
Il y a de l'analogie entre ses vetements et ceux de l'Indien, auquel elle
ressemble d'ailleurs sous tous les autres rapports. Sa tunique est d'une
etoffe plus fine, en peau de faon, richement ornee et rehaussee de plumes
brillantes de toutes couleurs. Cette tunique descend jusqu'au milieu des
cuisses et se termine par une bordure de coquillages qui s'entrechoquent,
avec un leger bruit de castagnettes, a chacun de ses mouvements. Ses
jambes sont entourees de guetres de drap rouge, bordees comme la tunique,
et descendant jusqu'aux chevilles ou elles rencontrent les attaches des
mocassins blancs, brodes de plumes de couleur et serrant le pied dont la
petitesse est remarquable. Une ceinture de _vampum_ retient la tunique
autour de la taille, faisant valoir le developpement d'un buste bien
forme, et les courbes gracieuses d'un beau corps de femme. Sa coiffure est
semblable a celle de son compagnon, mais plus petite et plus legere; ses
cheveux, comme ceux de l'Indien, pendent sur ses epaules et descendent
presque jusqu'a terre. Plusieurs colliers de differentes couleurs
interrompent seuls la nudite de son cou, de sa gorge et d'une partie de sa
poitrine. L'expression de sa physionomie est elevee et noble. La ligne des
yeux est oblique; les levres dessinent une double courbure; le cou est
plein et rond. Son teint est celui des Indiens: mais l'incarnat perce a
travers la peau brune de ses joues, et donne a ses traits cette expression
particuliere que l'on remarque chez les quarteronnes des Indes
Occidentales. C'est une jeune fille, mais arrivee a son plein
developpement; c'est un type de sante florissante et de beaute sauvage.
Elle s'avance au milieu des murmures d'admiration de tous les hommes. Sous
ces blouses de chasse plus d'un coeur bat qui n'est guere habitue
d'ordinaire a s'occuper des charmes de la beaute.
L'attitude de Garey, en ce moment, me frappa. Sa figure est decomposee, le
sang a quitte ses joues, ses levres sont blanches et serrees, et ses yeux
s'environnent d'un cercle noir. Ils expriment la colere et un autre
sentiment encore. Est-ce de la
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