ol et sa soeur
entrerent dans la tente, et Seguin nous presenta l'un a l'autre. Peu
d'instants apres, El-Sol, le docteur, Seguin et moi etions engages dans
une conversation, tres-animee.
Nous ne parlions ni de chevaux, ni de fusils, ni de scalps, ni de guerre,
ni de sang, ni de rien de ce qui avait rapport a la terrible denomination
du camp. Nous discutions un point de la science essentiellement peu
guerriere de la botanique: les rapports de famille des differentes especes
de cactus! J'avais etudie cette science, et je reconnus que j'en savais
moins a cet egard que chacun de mes trois interlocuteurs. Je fus frappe de
cela sur le moment, et encore plus, lorsque j'y reflechis plus tard, du
simple fait qu'une telle conversation eut pris place entre nous, dans ce
lieu, au milieu des circonstances qui nous environnaient. Deux heures
durant, nous demeurames tranquillement assis, fumant et causant de sujets
du meme genre. Pendant que nous etions ainsi occupes, j'observais, a
travers la toile, l'ombre d'un homme. Je regardai dehors ce que ma
position me permettait de faire sans me lever, et je reconnus, a la
lumiere qui sortait de la tente, une blouse de chasse avec un porte-pipe
brode, pendant sur la poitrine.
La Luna etait assise pres de son frere, cousant des semelles epaisses a
une paire de mocassins. Je remarquai qu'elle avait l'air preoccupe, et de
temps en temps jetait un coup d'oeil hors de la tente. Au plus fort de
notre discussion, elle se leva silencieusement, quoique sans aucune
apparence de dissimulation, et sortit. Un instant apres, elle revint, et
je vis luire dans ses yeux la flamme de l'amour, quand elle se remit a son
ouvrage.
El-Sol et sa soeur nous quitterent enfin, et peu apres, Seguin, le docteur
et moi, roules dans nos serapes, nous nous laissions aller au sommeil.
XXIV
LE SENTIER DE LA GUERRE.
La troupe etait a cheval a l'aube du jour, et, avant que la derniere note
du clairon se fut eteinte, nos chevaux etaient dans l'eau, se dirigeant
vers l'autre bord de la riviere. Nous debouchames bientot des bois qui
couvraient le fond de la vallee, et nous entrames dans les plaines
sablonneuses qui s'etendent a l'ouest vers les montagnes des Mimbres. Nous
coupames a travers ces plaines dans la direction du sud, gravissant de
longues collines de sable qui s'allongeaient de l'est a l'ouest. La
poussiere etait amoncelee en couches epaisses, et nos chevaux enfoncaient
jusqu'au fanon. Nous traversion
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