qu'on apercevait encore
au-dessus de l'herbe.
--Et comment pourrons-nous les prendre, alors, capitaine? demanda le
chasseur. Ils nous echapperont dans les rochers; ils vont fuir comme des
chiens effrayes.
--Mieux vaut les laisser partir, les pauvres diables! dit Seguin, semblant
desirer que le sang ne fut pas ainsi repandu inutilement.
--Non pas, capitaine, reprit le meme interlocuteur. Nous ne ferons pas
feu; mais nous les attraperons, si nous pouvons, sans cela. Garcons,
suivez-moi, par ici!
Et l'homme allait diriger son cheval a travers les roches eparpillees, de
maniere a passer inapercu entre les nains et la montagne. Mais il fut
trompe dans son attente; car au moment ou El-Sol et sa soeur se montrerent
a l'ouverture, leurs vetements brillants frapperent les yeux des Diggers.
Comme des daims effarouches, ceux-ci furent aussitot sur pied et coururent
ou plutot volerent vers le bas de la montagne. Les chasseurs se lancerent
au galop pour leur couper le passage; mais il etait trop tard. Avant
qu'ils pussent les joindre, les Diggers avaient disparu dans une crevasse,
et on les voyait grimper comme des chamois, le long des rochers a pic, a
l'abri de toute atteinte. Un seul des chasseurs, Sanchez, reussit a faire
une prise. Sa victime avait atteint une saillie elevee, et rampait tout le
long, lorsque le lasso du toreador s'enroula autour de son cou. Un moment
apres, son corps se brisait sur le roc! Je courus pour le voir: il etait
mort sur le coup. Son cadavre ne presentait plus qu'une masse informe,
d'un aspect hideux et repoussant.
Le chasseur, sans pitie, s'occupa fort peu de tout cela. Il lanca une
grossiere plaisanterie, se pencha vers la tete de sa victime, et, separant
la peau du crane, il fourra le scalpel tout sanglant et tout fumant dans
la poche de ses _calzoneros_.
XXVII
DACOMA.
Apres cet episode, nous nous precipitames vers la source, et, mettant pied
a terre, nous laissames nos chevaux boire a discretion. Nous n'avions pas
a craindre qu'ils fussent tentes de s'eloigner. Autant qu'eux, nous etions
presses de boire; et, nous glissant parmi les branches, nous nous mimes a
puiser de l'eau a pleines tasses. Il semblait que nous ne pourrions jamais
venir a bout de nous desalterer; mais un autre besoin aussi imperieux nous
fit quitter la source, et nous courumes vers le camp, a la recherche des
moyens d'apaiser notre faim. Nos cris mirent en fuite les coyotes et les
loups blancs, que nous
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