tait pas reste inactif. Plus d'un loup avait ete
tue et depouille, et la viande avait ete empaquetee dans les peaux. Les
gourdes etaient pleines, notre prisonnier solidement garrotte sur une
mule, et nous attendions le retour de nos compagnons. Seguin avait resolu
de laisser deux hommes en vedette a la source. Ils avaient pour
instructions de tenir leurs chevaux au milieu des rochers et de leur
porter a boire avec un seau, de maniere a ne pas faire d'empreintes
fraiches aupres de l'eau. L'un d'eux devait rester constamment sur une
eminence, et observer la prairie avec la lunette. Des que le retour des
Navajoes serait signale, leur consigne etait de se retirer, sans etre vus,
en suivant le pied de la montagne; puis de s'arreter dix milles plus loin
au nord, a une place d'ou l'on decouvrait encore la plaine. La, ils
devaient demeurer jusqu'a ce qu'ils eussent pu s'assurer de la direction
prise par les Indiens en quittant la source, et alors seulement, venir en
toute hate rejoindre la bande avec leurs nouvelles. Tous ces arrangements
etaient pris, lorsque Rube et Garey revinrent; nous montames a cheval et
nous nous dirigeames, par un long circuit, vers le pied de la montagne.
Quand nous l'eumes atteint, nous trouvames un chemin pierreux sur lequel
les sabots de nos chevaux ne laissaient aucune empreinte. Nous marchions
vers le nord, en suivant une ligne presque parallele au Sentier de la
guerre.
XXX
UN TROUPEAU CERNE.
Une marche de vingt milles nous conduisit a la place ou nous devions etre
rejoints par le gros de la bande. Nous fimes halte pres d'un petit cours
d'eau qui prenait sa source dans le Pinon et courait a l'ouest vers le
San-Pedro. Il y avait la du bois pour nous et de l'herbe en abondance pour
nos chevaux. Nos camarades arriverent le lendemain matin, ayant voyage
toute la nuit. Leurs provisions etaient epuisees aussi bien que les
notres, et, au lieu de nous arreter pour reposer nos betes fatiguees, nous
dumes pousser en avant, a travers un defile de la sierra, dans l'espoir de
trouver du gibier de l'autre cote. Vers midi, nous debouchions dans un
pays coupe de clairieres, de petites prairies entourees de forets
touffues, et semees d'ilots de bois. Ces prairies etaient couvertes d'un
epais gazon, et les traces des buffalos se montraient tout autour de nous.
Nous voyions leurs _sentiers_, leurs _debris de cornes_ et leurs _lits_.
Nous voyions aussi le _bois de vache_ du betail sauvage. Nous ne pouvions
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