ho, et sauta sur
le dos de la bete.
C'etait une idee fort ingenieuse, mais elle tourna bien mal pour l'Indien.
A peine etait-il en selle qu'un cri particulier se fit entendre, dominant
tous les autres bruits; c'etait un appel pousse par le trappeur essorille.
La vieille jument reconnut ce signal, et, au lieu de courir dans la
direction imprimee par son cavalier, elle fit demi-tour immediatement et
revint en arriere au galop. A ce moment, une balle tiree sur le sauvage
ecorcha la hanche du mustang qui, baissant les oreilles, commenca a se
cabrer et a ruer avec une telle violence que ses quatre pieds semblaient
detaches du sol en meme temps. L'Indien cherchait a se jeter en bas de la
selle; mais le mouvement de l'avant a l'arriere lui imprimait des
secousses terribles. Enfin, il fut desarconne et tomba par terre sur le
dos. Avant qu'il eut pu se remettre du coup, un Mexicain etait arrive au
galop, et avec sa longue lance l'avait cloue sur le sol.
Une scene de jurements, dans laquelle Rube jouait le principal role,
suivit cet incident. Sa colere etait doublement motivee. Les fusils de
munition furent voues a tous les diables, et comme le vieux trappeur etait
inquiet de la blessure recue par sa jument, les _fichues ganaches a l'oeil
de travers_ recurent une large part de ses anathemes. Le mustang cependant
n'avait pas essuye de dommage serieux, et, quand Rube eut verifie le fait,
le bouillonnement sonore de sa colere s'apaisa dans un sourd grognement et
finit par cesser tout a fait. Aucun symptome ne donnait a croire qu'il y
eut encore d'autres sauvages dans les environs, les chasseurs s'occuperent
immediatement de satisfaire leur faim. Les feux furent allumes, et un
plantureux repas de viande de buffalo permit a tout le monde de se
refaire. Apres le repas, on tint conseil. Il fut convenu qn'on se
dirigerait vers la vieille Mission que l'on savait etre a dix milles tout
au plus de distance. La, nous pourrions tenir facilement en cas d'attaque
de la part de la tribu des Coyoteros, a laquelle les trois sauvages tues
appartenaient. Au dire de presque tous, nous devions nous attendre a etre
suivis par cette tribu, et a l'avoir sur notre dos avant que nous eussions
pu quitter les ruines. Les buffalos furent lestement depouilles, la chair
empaquetee, et, prenant notre course a l'ouest, nous nous dirigeames vers
la Mission.
XXXII
UNE AMERE DECEPTION.
Nous arrivames aux ruines un peu apres le coucher du soleil. Les
|