anderai
encore un coup.
Le gaillard tendit sa tasse pour qu'on la remplit de nouveau.
Gode pencha le flacon, et versa une partie de son contenu dans les deux
tasses.
Mon Dieu! qu'est-ce qu'il y a dans ma tasse? s'ecria-t-il apres avoir bu
une gorgee.
--Qu'est-ce que c'est? laissez voir. Ca! sur mon ame, on dirait d'une
bete.
--Sacr-r-r... c'est une vilaine bete du Texas, c'est une grenouille! C'est
donc ca que ca empoisonnait le poisson. Oh! o-ouach!
--Oh! sainte Mere! il y en a une autre dans la mienne! Par le diable!
c'est un scorpion; un lezard! Houch! ouach! ouach!
--Vou-achr! ha-a-ach! Mon Dieu! ouachr! ach! Sacr...! oachr! ach! o-oa-a
-achr!
--Sacre tonnerre! Ho-ach! Le vieux satane docteur! A-ouach!
--Ack! ackr! Vierge sainte! ha! ho! hohachr! Poison! Poison!
Et les deux ivrognes marcherent avec agitation sur l'azotea, se
debarrassant l'estomac, crachant tant qu'ils pouvaient, remplis de
terreur, et pensant qu'ils devaient etre empoisonnes. Je m'etais releve et
riais comme un fou. Mes eclats de rire et les exclamations des deux
victimes attirerent une foule de chasseurs sur la terrasse, et quand ils
eurent vu de quoi il s'agissait, les ruines retentirent du fracas de leurs
moqueries sauvages. Le docteur, qui etait arrive avec les autres, goutait
peu la plaisanterie. Cependant, apres une courte recherche, il retrouva
ses lezards et les remit dans le bocal, qui contenait encore assez
d'alcool pour les recouvrir. Il pouvait etre tranquille sur l'avenir: son
flacon etait a l'abri des tentatives des chasseurs les plus alteres.
XXXIII
LA VILLE FANTOME.
Le matin du quatrieme jour, les hommes que nous avions laisses en
observation rejoignirent, et nous apprimes d'eux que les Navajoes avaient
pris la route du sud. Les Indiens, revenus a la source, le second jour
apres notre depart, avaient suivi la direction indiquee par les fleches.
C'etait la bande de Dacoma; en tout, a peu pres, trois cents guerriers.
Nous n'avions rien de mieux a faire que de plier bagage le plus
promptement possible et de poursuivre notre marche vers le nord. Une heure
apres, nous etions en selle et suivions la rive rocheuse du San-Pedro. Une
longue journee de marche nous conduisit aux bords desoles du Gila; et nous
campames, pour la nuit, pres du fleuve, au milieu des ruines celebres qui
marquent la seconde halte des Azteques lors de leur migration.
A l'exception du botaniste, du chef Coco, de moi et peut-etre d
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