pas manquer de rencontrer bientot des uns ou des autres.
Nous etions encore sur le cours d'eau, pres duquel nous avions campe la
nuit precedente et nous fimes une halte meridienne pour rafraichir nos
chevaux. Autour de nous, des cactus de toutes formes nous fournissent en
abondance des fruits rouges et jaunes. Nous cueillons des poires de
_pitahaya_, et nous les mangeons avec delices; nous trouvons des baies de
cormier, des yampas et des racines de _pomme blanche_. Nous composons un
excellent diner avec des fruits et des legumes de toutes sortes qu'on ne
rencontre a l'etat indigene que dans ces regions sauvages. Mais les
estomacs des chasseurs aspirent a leur refection favorite, les _bosses_ et
les _boudins_ de buffalo; apres une halte de deux heures, nous nous
dirigions vers les clairieres. Il y avait une heure environ que nous
marchions entre les _chapparals_, quand Rube, qui etait de quelques pas en
avant, nous servant de guide, se retourna sur sa selle, et indiqua quelque
chose derriere lui.
--Qu'est-ce qu'il y a, Rube? demanda Seguin a voix basse.
--Piste fraiche, cap'n; bisons!
--Combien? pouvez-vous dire?
--Un troupeau d'une cinquantaine: Ils ont traverse le fourre la-bas. Je
vois le ciel. Il y a une clairiere pas loin de nous, et je parierais qu'il
y en a un tas dedans. Je crois que c'est une petite prairie, cap'n.
--Halte! messieurs, dit Seguin, halte! et faites silence. Va en avant,
Rube. Venez, monsieur Haller; vous etes un amateur de chasse; venez avec
nous!
Je suivis le guide et Seguin a travers les buissons, m'avancant tout
doucement et silencieusement, comme eux. Au bout de quelques minutes, nous
atteignions le bord d'une prairie remplie de hautes herbes. En regardant
avec precaution a travers les feuilles d'un _prosopis_, nous decouvrimes
toute la clairiere. Les buffalos etaient au milieu. C'etait, comme Rube
l'avait bien conjecture, une petite prairie, large d'un mille et demi
environ, et fermee de tous cotes par un epais rideau de forets. Pres du
centre il y avait un bouquet d'arbres vigoureux qui s'elancait du milieu
d'un fourre touffu. Un groupe de saules, en saillie sur ce petit bois,
indiquait la presence de l'eau.
--Il y a une source la-bas, murmura Rube; ils sont justement en train d'y
rafraichir leurs mufles.
Cela etait assez visible; quelques-uns des animaux sortaient en ce moment
du milieu des saules, et nous pouvions distinguer leurs flancs humides et
la salive qui degout
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