tait de leurs babines.
--Comment les prendrons-nous, Rube? demanda Seguin; pensez-vous que nous
puissions les approcher?
--Je n'en doute pas, cap'n. L'herbe peut nous cacher facilement, et nous
pouvons nous glisser a l'abri des buissons.
--Mais comment? Nous ne pourrions pas les poursuivre; il n'y a pas assez
de champ libre. Ils seront dans la foret au premier bruit. Nous les
perdrons tous.
--C'est aussi vrai que l'Ecriture.
--Que faut-il faire alors?
--Le vieux negre ne voit qu'un moyen a prendre.
--Lequel?
--Les entourer.
--C'est juste; si nous pouvons. Comment est le vent?
--Mort comme un Indien a qui on a coupe la tete, repondit le trappeur,
prenant une legere plume de son bonnet et la lancant en l'air. Voyez,
cap'n, elle retombe d'aplomb!
--Oui, c'est vrai!
--Nous pouvons entourer les buffles avant qu'ils ne nous eventent, et nous
avons assez de monde pour leur faire une bonne haie. Mettons-nous vite a
la besogne, cap'n; il y a a marcher d'ici au bout la-bas.
--Divisons nos hommes, alors, dit Seguin, retournant son cheval. Vous en
conduirez la moitie a leur poste, je me chargerai des autres. Monsieur
Haller, restez ou vous etes: c'est une place aussi bonne que n'importe
quelle autre. Quand vous entendrez le clairon, vous pourrez galoper en
avant, et vous ferez de votre mieux. Si nous reussissons, nous aurons du
plaisir et un bon souper; et je suppose que vous devez en avoir besoin.
Ce disant, Seguin me quitta et retourna vers ses hommes, suivi du vieux
Rube. Leur intention etait de partager la bande en deux parts, d'en
conduire une par la gauche, l'autre par la droite, et de placer les hommes
de distance en distance tout autour de la prairie. Ils devaient marcher a
couvert sous le bois et ne se montrer qu'au signal convenu. De cette
maniere, si les buffalos voulaient nous donner le temps d'executer la
manoeuvre, nous etions surs de prendre tout le troupeau.
Aussitot que Seguin m'eut quitte, j'examinai mon rifle, mes pistolets, et
renouvelai les capsules. Apres cela n'ayant plus rien a faire, je me mis a
considerer les animaux qui paissaient, insouciants du danger. Un moment
apres, je vis les oiseaux s'envoler dans le bois; et les cris du geai bleu
m'indiquaient les progres de la battue. De temps a autre, un vieux buffle,
sur les flancs du troupeau, secouait sa criniere herissee, reniflait le
vent et frappait vigoureusement le sol de son sabot; il avait evidemment
un soupcon que tou
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